Mgr Lorenzo Baldisseri: «L’Eglise est à l’écoute des jeunes»

«Ecouter» et «accompagner» sont les termes qui reviennent le plus souvent dans l’interview que le cardinal Lorenzo Baldisseri, le secrétaire général du Synode des évêques, a accordé à cath.ch., le 20 mars 2018. Le pré-synode qui se déroule à Rome est le signal lancé par l’Eglise aux jeunes pour se rapprocher d’eux.

Avant le synode des évêques sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel, le pape a appelé des jeunes du monde entier à participer à la réunion pré-synodale qui se tient actuellement à Rome jusqu’au 24 mars prochain. Pour Mgr Baldisseri, secrétaire général du Synode des évêques, cette réunion pré-synodale est le signal lancé par le pape aux jeunes pour leur signifier que l’Eglise s’est mise à leur écoute.

Beaucoup de jeunes chrétiens se sentent loin de l’Eglise et estiment qu’elle ne les rejoint pas. Pensez-vous que c’est le message principal qu’ils vont envoyer à l’Eglise durant le pré-synode?
Le pré-synode est le signal lancé par le pape pour dire que l’Eglise écoute les jeunes. Nous voulons les accompagner, pour cela il faut les connaître, les écouter et savoir ce qu’ils veulent. Hier, le pape a ouvert la porte à l’itinéraire de ce pré-synode. Il était là pour écouter les discours et les questions de jeunes des cinq continents, puis il a répondu.

Comme leur a demandé le pape, les jeunes présents au pré-synode osent-ils prendre «le risque de parler»?
Oui. Je sais qu’ils se sont mis tout de suite au travail et qu’ils sont très actifs. Ils entrent bien dans les thèmes. Nous travaillons avec un document préparatoire qui leur a été envoyé avant la réunion. Ils travaillent sur les trois parties depuis hier et jusqu’à ce soir.

Le pré-synode est le signal lancé par le pape pour dire que l’Eglise écoute les jeunes.

Justement, avec 15 thèmes à traiter en une journée et demie, arriveront-ils à finir un programme qui semble chargé?
Nous avons à peine 6 jours, ce n’est pas beaucoup mais c’est suffisant pour avoir un spectre assez large de ce qui aura été discuté. Nous avons par ailleurs 15’000 jeunes qui sont connectés avec nous via les réseaux sociaux. Lorsque nous serons en possession du document final à la fin de la semaine, nous aurons la synthèse des 20 groupes présents à Rome et de 6 groupes ayant travaillé sur les réseaux sociaux. Cela représente plus de 15’000 personnes.

123 des 285 participants viennent d’Europe. Le Vieux continent semble surreprésenté.
A l’exception d’une dizaine, toutes les Conférences épiscopales du monde ont répondu à l’appel. Il se trouve que la majorité d’entre elles se situent en Europe, d’où cette grande différence dans la provenance des participants.

Les jeunes Africains estiment que l’Eglise est trop distante de leurs préoccupations. Ils demandent que l’Eglise soit plus proche d’eux.
Effectivement, l’Eglise est une structure ancienne et solide mais qui doit maintenant avoir le courage d’être plus transparente et plus flexible. Il y a là tout un travail en perspective pour l’Eglise et je crois même un travail qu’elle doit faire sur elle-même. Et dans toutes les parties du monde. La structure pyramidale qui est celle de l’Eglise actuelle n’est pas la bonne. Pour être plus proche des jeunes, il faut, comme l’a dit le pape, que la pyramide s’inverse.

L’Eglise doit avoir le courage d’être plus transparente et plus flexible

Les jeunes chrétiens européens, catholiques, ont du mal à affirmer leur foi et à dire qu’ils vont à l’église.
Nous voulons soutenir la foi. C’est pour cette raison que nous avons organisé ce synode sur les jeunes «et la foi» comme le dit l’intitulé. La foi n’est pas une abstraction: c’est la figure de Jésus-Christ. Il faut renforcer les jeunes dans leur foi, afin qu’ils puissent se présenter comme chrétiens, sans avoir peur.

Est-ce que vous avez une piste pour cela?
Je crois que dans le monde, nous avons le devoir d’être des témoins, comme les martyrs. L’Eglise a une grande histoire qui ne doit pas seulement se situer dans le passé mais aussi dans le présent. En tant qu’Eglise, nous voulons que les jeunes, pas seulement les chrétiens, aient une foi très solide. Un jeune qui a un idéal religieux formé est capable de se confronter au monde. Pour cela il faut accompagner les jeunes.

Les jeunes réclament-ils plus d’Eglise?
Ils réclament plus de prêtres, d’agents pastoraux et plus d’accompagnement. C’est une bonne chose. Les jeunes vont stimuler l’Eglise. Et nous en tant qu’Eglise, nous devons stimuler le monde. (cath.ch/bh)

Bernard Hallet

Portail catholique suisse

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