Hans Küng est l’un des théologiens germanophones les plus marquants et les plus influents des cent dernières années, écrit tagsatzung.ch. Pour l’association, il a mis sa théologie à l’écoute de son temps et des personnes, sans occulter les sujets brûlants. Il a constamment appelé à des «changements nécessaires» au sein de l’Eglise catholique. Cette dernière aurait été dans une situation différente aujourd’hui, si elle «s’était véritablement confrontée aux contributions et suggestions de Hans Küng» au lieu de les affronter.
Le théologien a déjà démontré très tôt son orientation résolument œcuménique, notamment dans sa thèse intitulée La justification (Rechtfertigung) et dans ses réflexions sur la théologie protestante. Il a encore renforcé ce parti pris dans son livre Concile et réunification (Konzil und Wiedervereinigung).
Pendant la période post-conciliaire, Hans Küng s’est inlassablement engagé dans la mise en œuvre des décisions du Concile Vatican II et dans l’intercompréhension œcuménique. Tagsatzung.ch salue le fait qu’il ait pu continuer à enseigner à l’Université de Tübingen (Allemagne), même après «le regrettable retrait de son autorisation d’enseigner», par Jean Paul II.
Pour Hans Küng, la réconciliation avec les Eglises de la Réforme est une affaire de cœur. Ces efforts ont, d’une certaine manière, produit un résultat tangible avec la Déclaration commune sur la doctrine de la justification signée en 1999 par la Fédération luthérienne mondiale et l’Eglise catholique.
Ses " expériences marquantes» en tant que conseiller au Concile Vatican II (1962-1965) ont fait de Hans Küng un partisan d’une Eglise en constante évolution, se devant de répondre aux signes des temps. Il pense que l’Eglise doit non pas s’adapter à la société, mais être pour elle un partenaire crédible dans la recherche de voies viables.
Selon tagsatzung.ch, Hans Küng a essayé de changer des structures dépassées et handicapantes. Il a toujours estimé que l’Eglise devait s’intéresser aux questions économiques, politiques et juridiques et qu’elle devait s’impliquer dans la recherche scientifique et humaniste, dans l’éducation, la littérature et l’art. Pour lui, dans sa mission de défense de la vie, l’Eglise a besoin d’une perspective globale. Elle doit être une voix prophétique qui pense plus loin, questionne et réprimande, afin que la famille humaine et toute personne puisse avoir un avenir.
Le théologien suisse, qui enseigne en Allemagne, s’est efforcé de fournir les fondamentaux du christianisme à un large public, dans un langage adapté à la vie quotidienne. Il n’a en outre jamais éludé les questions fondamentales concernant par exemple l’existence de Dieu ou la vie éternelle.
Le théologien a toujours reflété une foi personnelle. Il a déterminé sa propre personnalité avec ses racines et son propre cheminement, ce qui l’a finalement conduit à un credo personnel. Le but en a toujours été de fonder une foi responsable, enracinée dans la vie concrète, et que ces deux aspects s’enrichissent mutuellement, écrit l’association dans son message d’hommage.
Hans Küng s’est aussi engagé dans la compréhension des autres religions et le développement d’une éthique universelle (Weltethos). Un chemin qui l’a conduit à dialoguer intensément avec les autres confessions chrétiennes et les autres religions. Sa maxime est: «Pas de paix entre les nations sans paix entre les religions. Pas de paix entre les religions sans dialogue entre les religions. Aucun dialogue entre les religions sans recherche fondamentale dans les religions».
Un dialogue basé sur le respect d’une base de vie commune devant conduire à une éthique globale commune. «Nous avons besoin d’une éthique universelle, d’une reconnaissance et d’un respect mutuels pour donner un avenir à l’humanité», répète-t-il. (cath.ch/kath/gs/rz)
Relations tendues avec Rome
Les relations entre le Saint-Siège et Hans Küng sont depuis longtemps houleuse. La mission canonique avait été retirée au théologien suisse en 1979, après qu’il ait notamment remis en question l’infaillibilité pontificale. Les divergences n’ont par la suite pas diminué, le théologien prenant fréquemment le contre-pied des positions de Rome. Il a ainsi prôné à plusieurs reprises une nouvelle orientation sur les questions de contraception, soutenu l’accès des femmes au sacerdoce, ainsi que l’abolition du célibat obligatoire des prêtres. Il s’est également exprimé en faveur du suicide assisté.
Les relations entre Rome et le théologien suisse se sont toutefois améliorées avec l’élection du pape François, en mars 2013. En novembre de la même année, le pontife argentin lui avait envoyé une lettre qualifiée de «fraternelle». Hans Küng a aussi exprimé son espoir quant au pontificat du pape François, saluant notamment le fait qu’il «s’engage pour un renouveau et une réforme de l’Eglise». RZ
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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