Le suicide assisté a le vent en poupe

L’association d’aide au suicide suisse Exit a récemment enregistré une forte augmentation du nombre de ses membres. Cela montre que le désir de déterminer sa propre mort prend le pas, dans une grande partie de la population, sur les convictions religieuses.

Les derniers chiffres ont révélé que plus de 10’000 personnes avaient adhéré à Exit en 2017. Une augmentation de près de 10% en l’espace d’un an en Suisse alémanique et au Tessin. En raison de cette croissance, les besoins en accompagnateurs de suicides assistés se font également plus grands.

L’une des causes de cet essor est le vieillissement de la population, comme le souligne Exit. En un an, l’âge moyen des personnes accompagnées vers la mort est passé de 76,7 ans à 78,1 ans. Même si le recours à ce genre de démarche reste assez limité, de plus en plus de personnes souhaitent pouvoir s’ôter volontairement la vie lorsqu’elles sont confrontées à de graves difficultés de santé. Ce qui fait dire à Exit que l’aide au suicide répond à un réel besoin de la population.

Administrateur ou propriétaire de sa vie?

La volonté croissante de déterminer sa propre mort est fortement liée aux changements sociétaux, explique Jürg Wiler, directeur de la communication pour Exit en Suisse alémanique. «Nous assistons à l’arrivée d’une génération habituée à prendre ses propres décisions de vie. Ces personnes ont, par exemple, décidé en toute liberté de leur parcours professionnel et de fonder ou non une famille. «Ils veulent aussi préserver leur droit de mourir comme bon leur semble.» L’aspect religieux de la thématique serait ainsi laissé à la réflexion des croyants.

Mais dans ce domaine également, un certain changement d’attitude serait observable, selon Jürg Wiler. Ainsi, les croyants sont confrontés au principe fréquemment communiqué par les représentants des Eglises, selon lequel l’homme est " seulement administrateur, et non propriétaire de la vie que Dieu lui a confiée «. «Cependant, beaucoup de ces personnes prêtes à mourir arrivent à la conclusion que lorsque leur vie entière a été placée sous leur responsabilité, il leur revient également de décider de la phase finale», affirme le responsable d’Exit.

Il relève que les patients qui font appel à son association ont achevé ce processus de réflexion. «Mais une personne qui, par exemple, a de fortes convictions catholiques, aura du mal à concilier cela avec le principe du suicide assisté«, admet-il.

Souffrance contre convictions

Exit reste à distance des questions religieuses et, en tant qu’association indépendante sur le plan confessionnel, ne donne pas de conseils en ce sens et ne travaille pas avec les acteurs religieux. Elle ne récolte pas non plus de données sur l’appartenance religieuse de ses membres.

Cependant, les thématiques liées à l’Eglise et à Dieu jouent bien sûr souvent un rôle dans les décisions existentielles des personnes qui adhèrent à Exit, remarque le responsable de l’association. «Mais, pour beaucoup de personnes en fin de vie, c’est plus la souffrance insupportable que l’opinion des Eglises qui pèse sur leur décision». Le changement social est également visible sur ce point. Les générations précédentes avaient encore souvent recours à un conseiller spirituel pour savoir combien de temps ils devaient encore supporter leurs souffrances. Mais aujourd’hui, les personnes concernées se réfèrent beaucoup plus à eux-mêmes ou à un médecin pour décider des «choses dernières».

La sécularisation croissante de la société joue certainement un rôle important dans ce phénomène, estime Jürg Wiler. «Mais le fait est que l’autodétermination est un droit fondamental que de plus en plus de gens invoquent. Il se produit en même temps, dans la société, un changement d’opinion généralisé en faveur du suicide assisté», affirme le responsable d’Exit. (cath.ch/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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