Le père Romário Hastenreitter devra s’expliquer sur les propos qu’il reconnaît avoir tenus lors d’une messe prononcée fin février dans sa paroisse de la petite ville de Boa Esperança, 15 000 habitants, située à 280 km de la capitale, Vitoria. Au cours de l’homélie, le Père Romario, comme il est appelé par les fidèles, a vivement critiqué les trois sénateurs de l’État et les a traités de «traîtres à la démocratie» pour avoir voté en faveur de la Réforme du Travail. Des propos enregistrés par le Président du Conseil Municipal, et un membre du Parti de la République, du Sénateur Magno Malta.
Le curé de Boa Esperança ne nie pas les termes employés durant l’homélie. Il les assume pleinement et les a d’ailleurs répétés au quotidien local Seculo Diário. «Je n’ai rien à cacher. C’est vrai que j’ai formulé des critiques publiques. J’ai dit que, concernant la réforme du Travail, comme celle de la Sécurité Sociale qui heureusement n’a pas été adoptée, les trois sénateurs ont agi comme des traîtres à la démocratie et contre le peuple». Le Père Romario a même rajouté: «Je suis énervé lorsque je vois des politiques, qui ont été élus pour représenter le peuple, lutter pour leurs propres intérêts.»
Ces prises de position ont été en revanche saluées par les membres de la Fédération des Travailleurs Ruraux de l’Espirito Santo (Fetaes), et les prêtres de la région IV (n.d.l.r. subdivision administrative de la Conférence Nationale des Évêques du Brésil-CNBB). Dans une note commune de soutien et de solidarité, ces derniers affirment en effet que la dénonciation du Père Romario est prophétique.
«Nous affirmons notre solidarité face à cette attaque des droits à la libre expression et la défense des plus pauvres». Et de poursuivre: «Face à une telle situation, nous appelons de nos vœux un discours clair de toutes les parties. Nous unissons nos forces et nos prières en faveur du bien».
Dans un autre communiqué publié par la seule Fetaes, outre le rappel de la solidarité et de l’appui au prêtre, l’organisation syndicale a rappelé qu’elle appuyait sans réserve «tous ceux et toutes celles qui luttent au côté du peuple, qui contribuent à éclairer la population sur la perte des droits promue par des parlementaires qui devraient se tenir au côté des plus démunis et non à côté du capital».
La direction de Fédération des Travailleurs Ruraux de l’Espirito Santo conclut le communiqué en appelant tous les syndicats à comparaître à l’audience du 20 mars. «La résistance du Père Romario est notre résistance!». (cath.ch/jcg/pp)
Pierre Pistoletti
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