Président de l’Eglise évangélique nationale du Koweït, qui est membre du Conseil des Eglises du Moyen-Orient (MECC), Emmanuel Gharib est pasteur de l’Eglise presbytérienne du Koweït. L’Eglise évangélique nationale, dans ce pays à 85 % musulman (les sunnites sont environ 60 % pour quelque 30 % de chiites), tout comme les autres communautés chrétiennes, jouit officiellement des mêmes droits que les autres habitants, selon la Constitution, assure le pasteur en place depuis 1999.
A la veille du 20e anniversaire de son ordination, le pasteur Emmanuel Gharib déclare à l’AFP évoluer au Koweït comme un poisson dans l’eau. «Je suis bien accueilli là où je vais». Natif de Koweït City, Emmanuel Gharib a été élevé dans une famille pieuse au milieu de voisins musulmans, dont il apprécie la tolérance et la proximité, des valeurs qui ont marqué son éducation. Son père, de confession assyrienne, avait fui en Irak les massacres perpétrés par les Turcs contre les populations arménienne et assyrienne, avant de s’installer au Koweït avec son épouse chrétienne assyrienne qu’il avait mariée à Mossoul en 1945. Il a obtenu la nationalité du pays d’adoption de ses parents.
Le pasteur Gharib est aussi vice-président et co-fondateur du Conseil des relations islamo-chrétiennes du Koweït. L’an prochain, il célébrera deux décennies de service pastoral alors que l’Eglise évangélique locale fêtera son 85e anniversaire.
Sept Eglises chrétiennes sont officiellement reconnues dans ce pays du Golfe arabo-persique, y compris l’Eglise catholique romaine (qui compte quelque 300’000 fidèles), l’Eglise grecque catholique, l’Eglise grecque orthodoxe, l’Eglise copte orthodoxe, l’Eglise arménienne apostolique, l’Eglise évangélique nationale et l’Eglise anglicane. D’autres Eglises ont une reconnaissance de fait.
Le Koweït est le premier pays membre du Conseil de coopération du Golfe à avoir établi des relations diplomatiques avec le Saint-Siège.
Dans la pratique, les Eglises chrétiennes font face à un certain nombre de restrictions dans ce pays où l’islam est la religion d’Etat et la loi islamique, la charia, est la principale source de la législation. L’évangélisation dirigée vers les musulmans est strictement interdite, et la loyauté tribale empêche les gens de rompre avec les traditions familiales et communautaires.
La Constitution prévoit bien la liberté de religion mais en réalité les minorités religieuses sont victimes de discrimination en raison des politiques gouvernementales. Les non-musulmans – ainsi que les musulmans non sunnites (en premier les chiites) – obtiennent difficilement ou sont dans l’impossibilité d’obtenir une autorisation légale pour établir de nouveaux lieux de culte.
Il est interdit aux Eglises qui ne font pas partie des confessions reconnues d’afficher des signes extérieurs, y compris une croix ou le nom de la congrégation, ou de participer à d’autres activités publiques, comme la sonnerie de cloches. Certaines Eglises n’ayant pas les ressources financières nécessaires pour louer un lieu de réunion ont pu se réunir dans les écoles pendant les week-ends, bien que certains de leurs représentants aient signalé que les écoles ont été poussées à cesser d’autoriser de telles réunions. (cath.ch/arabnews/com/be)
Jacques Berset
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