Une cinquantaine de villageois Hema auraient péri quand des jeunes ont attaqué les villages, selon l’abbé Alfred Ndrabu Buju, directeur de l’ONG catholique Caritas à Bunia. Le chef de la chefferie des Bahema-Nord, Pilo Mulindo, rapporte que les assaillants ont lancé leur première attaque à Maze le 1er mars vers 14h, heure locale et ont été repoussés par la police et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), l’armée gouvernementale basées sur place. Ces jeunes, appartenant à la communauté Lendu, sont revenus vers 16h, plus nombreux cette-fois. Ils ont alors incendié des maisons. Ensuite ils ont tué des habitants à Maze et dans deux autres villages.
Le député national Raymond Tchedya, élu de Djugu, avance un bilan de cinquante morts, rapporte Radio Okapi. Il réclame l’intervention du gouvernement pour mettre fin au carnage. «Nous ne sommes pas en face d’une rébellion. Il existe un gouvernement provincial et un gouvernement national. Pour preuve, le gouvernement a quand même déployé des militaires sur terrain, mais il faut que ces militaires puissent arriver effectivement à stopper les massacres», a déclaré le député de Djugu.
La reprise des affrontements interethniques entre communautés Hema et Lendu ont déjà fait plus de 100 morts depuis le mois de décembre et 250’000 déplacés, selon l’ONU. Ces événements sanglants font craindre une situation similaire aux violences ayant causé la mort d’au moins 50’000 personnes et fait 500’000 déplacés dans cette région entre 1999 et 2013.
Les violences à Djugu ont provoqué plus de 250’000 déplacés internes, qui se sont installés dans les écoles, églises et hôpitaux, vivant dans la promiscuité et éprouvant des difficultés pour trouver à manger, écrivait déjà le 26 février 2018, la Mission de l’ONU pour la Stabilisation de la RDC (MONUSCO).
Dans un message daté de février 2018, Mgr Dieudonné Uringi, évêque de Bunia, avait condamné les atrocités commises dans le Territoire de Djugu, interpellant la population de l’Ituri ainsi que les hommes bonne volonté: «l’être humain est créé à l’image de Dieu. Nous avons tous, sans exception, le devoir et l’obligation de protéger la vie que Dieu nous a donnée«.
Caritas relève que les violences enregistrées dans certaines chefferies ont causé des tueries, dont la majorité des victimes sont des femmes et des enfants, ainsi que l’incendie et le pillage de plus de 2’000 habitations. 20’000 déplacés sont recensés par la Caritas dans la ville de Bunia et plus de 60’000 sont réfugiés en Ouganda. Une centaine d’écoles et 5 hôpitaux ont été vidés et sont désertés…
«Nous regrettons que le peuple iturien n’ait pas tiré des leçons des souffrances récentes des guerres fratricides des années 1999-2003», déplore l’évêque de Bunia, qui dénonce certaines personnes qui profitent de la situation pour exploiter la misère de leurs frères afin de se faire de l’argent facile.
Mgr Dieudonné Uringi déplore également «le silence masqué de l’Autorité en place et sa passivité face à cette situation» ainsi que l’indifférence des députés et sénateurs de l’Ituri. Il lance également un appel aux troupes de la MONUSCO afin qu’elle «s’acquitte adéquatement de son mandat de stabilisation et protection des civils dans le Territoire de Djugu».
«Alors que la police et l’armée sont déployées dans la zone meurtrie, les attaques d’hommes et les incendies des village se poursuivent et s’étendent», s’indigne Mgr Dieudonné Uringi. L’évêque de Bunia condamne avec force ces «actes ignobles» et fustige l’instrumentalisation des sensibilités ethniques à Djugu qui ne peut avoir pour but que de diviser pour régner, relève Caritas Congo. (cath.ch/caritasdev/okapi/be)
Jacques Berset
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