L’incompréhension et la colère prennent en effet de l’ampleur depuis quelques jours dans les milieux chrétiens après la remise en cause, par les autorités israéliennes, du Statu quo international dont bénéficient les Eglises de Jérusalem.
Face notamment à la fermeture pour une durée indéterminée, dimanche 25 février, du Saint-Sépulcre, site du tombeau du Christ, le gouvernement israélien a décidé de suspendre temporairement les mesures fiscales frappant les Eglises. Il va geler temporairement le projet de loi controversé qui a déclenché la crise, tandis que la municipalité de Jérusalem va reporter la collecte des taxes sur les propriétés appartenant à l’Eglise.
A l’origine de la colère des milieux chrétiens, 150 millions d’euros que Nir Barkat, le maire israélien de Jérusalem, réclame aux Eglises chrétiennes de la ville. Le statut de ces Eglises, qui vivent dans la partie de Jérusalem occupée par les Israéliens, avaient jusque-là toujours été respecté par les divers pouvoirs. Cette somme énorme qu’exigeait Barkat allait mettre à mal l’économie entière du pèlerinage en Terre sainte ainsi que les Å“uvres socio-éducatives des Eglises, jusqu’ici exemptées de taxes depuis cinq siècles.
Israël a finalement décidé de «geler» la législation qui a suscité la controverse, tandis que la municipalité de Jérusalem va reporter le recouvrement des impôts sur les propriétés appartenant aux Eglises.
Si les 13 Eglises de Terre Sainte ont donc décidé de prendre une mesure aussi rare que radicale, pouvant pénaliser à court-terme les pèlerins, c’est parce qu’elles ont construit leur système économique sans ces taxes depuis cinq cent ans. L’imposition de ces prélèvements bouleverserait profondément leur fonctionnement, note le portail du Saint-Siège Vatican News. Cette mesure extrême cristallise une lutte pour la survie économique de la centaine d’institutions chrétiennes de la ville.
Le gouvernement israélien va geler un projet de loi controversé portant atteinte aux droits de propriété des Eglises, qui a récemment déclenché la crise, tandis que la municipalité de Jérusalem va reporter la collecte des taxes sur les propriétés appartenant à l’Eglise. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et Nir Barkat se sont mis d’accord sur la création d’un groupe de travail pour négocier avec les Eglises sur la problématique des impôts que la mairie israélienne aimerait leur imposer.
Dans le cadre de la controverse, le Grand maître de l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre a dénoncé le 26 février les discriminations contre les Eglises chrétiennes. Le cardinal Edwin O’Brien, Grand maître de l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, association de fidèles de droit pontifical, a transmis une lettre aux membres de son Ordre. Il y dénonce les «discriminations» de la municipalité de Jérusalem à l»«²encontre des Eglises et des chrétiens.
Le 27 février, pour le troisième jour consécutif, les portes de l»«²Ã©glise du Saint-Sépulcre, sont demeurées closes à Jérusalem, au grand dam des pèlerins. Cette action exceptionnelle et conjointement décidée par les responsables des treize Eglises chrétiennes de Jérusalem, vise à protester contre les mesures de taxation prises par la municipalité.
«Les événements de ces derniers jours sont graves et méritent l»«²attention spéciale de notre Ordre», indique le cardinal américain O»«²Brien dans son courrier. Mêlant sa voix à celles des responsables religieux locaux, le Grand maître de l»«²association de fidèles dénonce des «actes de discrimination sans précédent contre les chrétiens» de la part des autorités israéliennes. Le Vatican pour sa part n»«²a pas réagi officiellement.
Le prélat catholique critique une décision «trahissant des traités internationaux et des siècles de pratiques». La municipalité israélienne veut en effet imposer des taxes foncières sur les propriétés chrétiennes non strictement cultuelles, comme les écoles ou les hôpitaux.
Dans son courrier, le cardinal O»«²Brien reprend les mots des responsables chrétiens locaux: il s’agit d’une «campagne systématique contre les Eglises et les communautés chrétiennes de Terre Sainte». Et la fermeture du Saint-Sépulcre est ainsi une «initiative rare et désespérée afin de maintenir vivante la vie chrétienne» à Jérusalem. Il invite ainsi les membres de l’Ordre à prier et à «porter ces actions discriminatoires anti-chrétiennes à l»«²attention des chefs de gouvernement».
Recréé en 1847 sur le modèle d»«²un ordre de chevalerie datant des Croisades, l»«²Ordre équestre du Saint-Sépulcre vise en particulier à assister les communautés catholiques de Terre Sainte.  (cath.ch/com/ag/imedia/pad/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/jerusalem-israel-marche-arriere-face-aux-reactions-internationales/