Chili: l'enquête sur l'affaire de Mgr Barros pourrait être étendue à d'autres cas d'abus

Isaac Givovich, au nom des victimes qui ont dénoncé les cas d’abus sexuels commis par les Frères maristes au Chili, a remis le 23 février 2018 une lettre à la nonciature apostolique à Santiago. Ils veulent, eux aussi, être entendus par Mgr Charles Scicluna, l’envoyé spécial du pape François.

Mgr Charles Scicluna, l’envoyé spécial du pape François chargé d’enquêter sur les dénonciations visant Mgr Juan Barros. Ce dernier, évêque d’Osorno, est accusé d’avoir couvert les abus perpétrés par le prêtre pédophile Fernando  Karadima.  Mais des victimes d’autres prêtres pédophiles sollicitent une entrevue avec Mgr Scicluna.

Les Frères maristes s’excusent

Les Frères maristes du Chili avaient déjà reconnu, le 28 août 2017, une série d’abus sexuels commis par un de leurs religieux sur au moins quatorze jeunes mineurs dans deux écoles de la congrégation entre les années 1970 et 2000. Les religieux ont envoyé une lettre le 19 février 2018, signée par le provincial Saturnino Alonso et le vice-provincial Patricio Pino. Ils reconnaissent les faits et s’excusent les dommages qu’un membre de la congrégation a causés à Isaac Givovich dans son enfance et pour les abus qu’il a subis à l’Institut Alonso de Ercilla. Ils relèvent que les abus commis sont «l’antithèse des valeurs maristes».

Les victimes des religieux proposent l’établissement d’une commission de vérité, justice et réparation, une instance ecclésiastique réunissant toutes les dénonciations et également toutes les victimes.

Les victimes veulent être entendues

Comme Mgr Scicluna a été hospitalisé en raison d’une affection inflammatoire de la vésicule biliaire qui a nécessité une laparoscopie, l’enquête sur le cas de Mgr Barros reste aux mains de l’Espagnol Jordi Bertomeu, official de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Ce dernier accompagne le prélat maltais qui se relève de son opération à la Clinique San Carlos de Apoquindo.

L’audition des victimes des Frères maristes n’est pas encore assurée, car la décision dépend uniquement de Mgr Scicluna ou du Père Bertomeu. C’est aux envoyés du Vatican de décider s’ils vont élargir les auditions à d’autres cas d’abus sexuels commis par des prêtres, a précisé Jaime Coiro, porte-parole de la Conférence épiscopale chilienne (CEC).

80 condamnations

Depuis la condamnation, en juin 2003, du Père Andrés Aguirre pour sept cas d’abus sexuels et de viols, pas moins de 80 condamnations pour abus sexuels ont été prononcées contre des membres de l’Eglise catholique chilienne, lors des quinze dernières années.

Jeudi 22 février, le Père Bertomeu a reçu le témoignage à la nonciature Mgr Juan Luis Ysern, évêque émérite du diocèse d’Ancud, au sud du Chili. Ce dernier, dans une lettre ouverte, avait demandé en 2015 à Mgr Barros de renoncer à sa charge d’évêque d’Osorno «pour que la paix revienne dans la communauté» qui le rejetait pour ses liens avec Fernando Karadima.

Excuses présentées aux victimes

Après la réunion avec le Père Bertomeu, Mgr Ysern a déclaré à la presse que quand le pape a qualifié de «calomnies» les accusations contre Mgr Barros, «c’est parfaitement clair qu’il avait tort».

Dans l’avion, tenant sa traditionnelle conférence de presse au retour de son voyage apostolique au Chili et au Pérou, le pontife avait notamment présenté ses excuses aux victimes d’abus sexuels, regrettant, à propos du cas Barros, d’avoir employé le mot de «preuves» nécessaires pour faire la démonstration de l’existence d’abus. Il avait cependant assuré que «si quelqu’un vient et me donne des éléments, je serai le premier à l’écouter». Ce sera la tâche de Mgr Charles Scicluna, l’envoyé spécial du pape chargé d’enquêter sur «l’affaire Barros», d’apporter les éclaircissements nécessaires à une opinion bien fondée. (cath.ch/com/be)

 

 

 

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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