Décès de Philippe Gardaz, une personnalité de l'Eglise catholique vaudoise

Personnalité de l’Eglise catholique dans le canton de Vaud, l’ancien juge cantonal Philippe Gardaz est décédé le 15 février 2018, dans sa 71e année, à Lausanne. Il avait notamment été une des chevilles ouvrières de la création du Centre catholique des médias Cath-Info.

Orignaire du district d’Echallens, Philippe Gardaz est né en 1947. Après son baccalauréat au Collège St-Michel à Fribourg, il entame des études de droit. Il fait l’essentiel de sa carrière professionnelle comme juge au Tribunal cantonal vaudois de 1992 à 2007. Il préside en 2006 la Cour constitutionnelle du canton de Vaud. Il est en outre juge suppléant au Tribunal fédéral, de 1997 à 2008.

Outre son activité d’homme de loi, Philippe Gardaz s’est fait connaître comme chroniqueur pour divers journaux et revues dont la Gazette de Lausanne et La Liberté de Fribourg, la revue dominicaine Sources ou celle des jésuites Choisir. Observateur avisé de la vie ecclésiale dans le canton de Vaud et en Suisse, il offrait toujours une analyse très fine et solidement argumentée quitte parfois à froisser ou à fâcher. Doué d’une grande vivacité d’esprit, il possédait un humour souvent décapant, note André Kolly, président de Cath-Info.

Pour son camarade de collège puis de service militaire, Jean-Philippe Gogniat, ancien secrétaire général de la FEDEC, Philippe Gardaz était tout d’abord un juriste brillant précis dans le moindre détail, mais toujours avec un esprit de synthèse remarquable. «Il était aussi un conférencier hors pair qui savait captiver son auditoire, entre autres sur le sujet a priori rébarbatif du droit ecclésiastique.»

Catholique dans un canton imprégné par le protestantisme, Philippe Gardaz, ayant épousé la fille d’un pasteur, vivait l’œcuménisme ‘par immersion’.

Spécialiste du droit ecclésiastique

Dès les années 1970, Philippe Gardaz offre ses services comme conseiller juridique pour la Fédération vaudoise des paroisses catholiques. Spécialiste du droit ecclésiastique, il est un des artisans de la loi sur les relations Eglises-Etat dans le canton de Vaud qui a accordé une égalité de traitement entre les catholiques et les protestants, relève Jean-Philippe Gogniat. Il s’est en outre beaucoup intéressé à la question des structures ecclésiales, notamment l’histoire et le découpage des diocèses en Suisse. A ce titre, il a été président du conseil de l’Institut de droit des religions de l’Université de Fribourg, et membre de la commission d’experts Eglise-Etat de la Conférence des évêques suisses (CES). Il est également l’auteur de nombreux ouvrages et articles scientifiques sur le droit ecclésiastique.

«Papivore insatiable»

En 2012, il reprend la présidence de c@tholink, le site internet de l’Eglise catholique en Suisse romande. Il sera une des chevilles ouvrières de la fusion avec l’Agence de presse internationale catholique APIC et le Centre catholique de radio et télévision CCRT pour en faire l’actuel Centre catholique des médias Cath-Info, basé à Lausanne.

«Papivore insatiable» et critique, comme il se définissait lui-même, Philippe Gardaz  a développé dès les années 1970 un goût marqué pour les médias et la communication. Il a toujours voulu croire en «l’existence et en la pérennité du journaliste cultivé, indépendant d’esprit, pouvant reporter et analyser les événements, en les mettant en perspective.», expliquait-il à l’APIC en 2011. Face aux évolutions récentes de la profession, il déplorait qu’aujourd’hui, «les journalistes doivent parler de tout, à toute allure. Ce qui les met dans une situation très difficile, en particulier à cause de la pression du temps. Or, dire des choses intelligentes demain, c’est mieux que de se précipiter pour reporter une réaction aujourd’hui, sans filtre ni regard critique.»

Ce qui ne l’empêchait cependant pas de garder espoir. «Les consommateurs de médias vont finir par découvrir qu’une presse sérieuse et indépendante est globalement une protection pour chacun. Elle empêche le règne sans partage des préjugés, des idées qui ont cours et d’autres clichés usuels. Les médias s’opposent idéalement au fatalisme du «c’est comme ça». (cath.ch/mp)

La célébration des funérailles aura lieu le 21 février à 14h à l’église du Saint Rédempteur à Lausanne

 

Maurice Page

Portail catholique suisse

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