Comme ses sept prédécesseurs à la tête de la pharmacie vaticane, le Frère fait partie depuis 1988 de l’ordre des Hospitaliers de saint Jean de Dieu. Fondée à Grenade (Espagne) en 1539, par saint Jean de Dieu, la congrégation se dévoue au soin des pauvres et des malades. Aujourd’hui, elle soigne, accueille et accompagne plus d’un million de personnes malades et démunies, dans 454 établissements répartis dans 53 pays. Au Vatican, ils exercent leur mission depuis 1874.
«Je suis rentré dans l’ordre en 1998 dans la province d’Inde, dans le Kerala», raconte-t-il. «Après mes études, en 2007, on m’a envoyé à Rome, à seulement 26 ans, je n’avais même pas encore prononcé mes vœux solennels et je ne parlais pas l’italien», se souvient-il. A raison de cours intensifs d’italien et après avoir été vice-directeur de l’établissement dès 2011, le Frère Mulackal devient finalement directeur en 2016.
L’ordre compte environ 1’100 membres. »Je suis l’un d’eux, poursuivant simplement la mission confiée à notre congrégation», explique modestement le pharmacien indien. «J’ai toujours imaginé travailler dans un des nombreux hôpitaux de l’ordre, jamais je n’aurais cru prendre un jour la direction de la pharmacie du Vatican», confie-t-il.
Une tâche qu’il semble remplir avec efficacité et professionnalisme si l’on croit l’ampleur des chantiers en cours: agrandissement des locaux, modernisation du laboratoire, réaménagement de la parfumerie, nouveaux produits concoctés: teintures mères, intégrateurs naturels de curcuma, de gingembre… etc.
Le jeune directeur prévoit même de robotiser le transport des produits du stock jusqu’au comptoir de vente. En économisant ainsi les gestes des pharmaciens, il espère qu’ils pourront consacrer plus de temps au client. Il estime également que cela pourra prévenir d’éventuelles erreurs humaines, inévitables tant la fréquentation de la pharmacie est importante, parmi les plus élevées au monde avec ses 2’500 clients par jour.
Malgré ses obligations, Frère Mulackal assure cependant réussir à conserver une vie spirituelle. La foi est d’abord pour lui une relation «intensément personnelle» avec Dieu, expose-t-il, commentant ainsi l’absence de signe distinctif ou d’habit religieux. Pourtant, «toute mon activité, tout mon comportement, découle de ma foi». Devant tant de défis à affronter à la tête de la pharmacie du Vatican, «la foi soutenue par l’espérance et l’amour, est pour moi d’une aide précieuse», soutient-il. Plus encore, elle lui est «indispensable» pour être à la hauteur de ses responsabilités.
Une foi marquée singulièrement par le quatrième vœu propre aux Frères: l’hospitalité. Ce qui le démarque d’un pharmacien laïc. «Ce qui nous différencie est que nous ne cessons de collaborer avec les nombreuses institutions de l’Eglise», au bénéfice des plus fragiles. «Notamment avec les aumôneries à qui nous distribuons de nombreux médicaments».
Avec aussi une confiance en Dieu qui le porte à une attitude mentale «positive», le Frère Binish Mulackal, se sent ainsi l’humble «instrument de Dieu» qui agit pour les malades. (cath.ch/imedia/ah/bh)
Bernard Hallet
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