La «grève générale illimité», décrétée fin janvier par les fonctionnaires pour protester contre les mesures d’austérité du gouvernement tchadien, touche désormais le secteur privé. Elle a été massivement suivie lundi 5 février 2018 à N’Djamena.
La veille, dimanche 4 février, Mgr Edmond Djitangar, archevêque de la capitale tchadienne, a exprimé le soutien de l’Eglise à ceux qui luttent pour «la justice et la paix», en dénonçant le malaise social dans le pays.
«Devant la montée des souffrances endurées par les différentes couches sociales urbaines ou rurales, certains en viennent à se demander d’où le salut nous viendrait-il ? D’autres se posent la question même de savoir de quel côté se situe l’Eglise?», a-t-il dit dimanche 4 février, lors de la messe dominicale.
Dans cette déclaration, dont un extrait a été diffusé par BBC-Afrique, il répond: «l’Eglise est là, au cœur des différentes situations, particulièrement aux côtés de ceux et de celles qui souffrent, notamment dans lutte pour la justice et la paix. Elle encourage ses fidèles dans cette lutte, sur tous les fronts suivant les enseignements de ses pasteurs».
L’archevêque de N’Djamena a lancé un appel à l’unité des Tchadiens, les invitant à «ne pas brûler les étapes» et à ne pas se comparer aux autres, mais à commencer à agir «maintenant, par là où nous le pouvons. Que ce soit par l’engagement politique, dans les syndicats, les associations de la société civile». «Ensemble, a-t-il poursuivi, nous trouverons avec l’aide de Dieu, une voie de sortie de cette crise, qui soit profitable à tous».
Depuis plus d’une semaine, le Tchad est paralysé par une grève des travailleurs du secteur public. Les fonctionnaires protestent contre des coupes sur leurs salaires à cause de difficultés de trésorerie pour les caisses de l’Etat. Pour le gouvernement, cette ponction sur les soldes est «inévitable».
La grève a plongé le pays dans une crise, qui a des conséquences préjudiciables pour la vie sociale et économique de la population, a déploré Mgr Djitangar.
L’archevêque de N’Djamena a déploré «l’absence de dialogue» pour la résoudre. «La société tchadienne et les Tchadiens souffrent. Ils sont en proie à une crise sociale interminable, qui semble entretenue». Elle fait «descendre le plus grand nombre de nos concitoyens dans les profondeurs de la misère, et nous risquons d’entrer dans une impasse», a-t-il averti dans une déclaration rapportée par la station radio française d’actualités RFI.
Car, a-t-il dit, «nous voyons qu’au lieu d’un dialogue sincère en vue d’une sortie de crise profitable pour tous, on assiste à une escalade marquée par des menaces, des durcissements, des raidissements, voire de l’indifférence». «Nous pensons aux plus fragiles de notre société, aux élèves, aux malades», a martelé Mgr Edmond Djitangar.
Désormais, la «grève sociale généralisée» au Tchad, soutenue par l’opposition, vise le président Idriss Déby, dont le gouvernement a décidé des mesures d’austérité drastiques touchant les plus faibles. (cath.ch/ibc/bbc/rfi/be)
Jacques Berset
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