Medea Sarbach sera la seule catholique engagée représentant la Suisse. Membre du comité des Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ), cette Bâloise d’origine étudie la théologie à l’Université de Fribourg. Elle sera accompagnée de Sandro Bucher, 25 ans, développeur de communauté et responsable des réseaux sociaux pour un magazine scientifique. Athée, ce Lucernois est membre de l’IBKA, une ligue internationale d’agnostiques et d’athées. Jonas Feldmann, enfin, étudie la médecine à Zurich. Il a participé à plusieurs JMJ, mais a pris quelques distances avec l’Eglise. Chrétien-critique, il a cessé de pratiquer.
Tous trois seront du voyage, mais à titre différent. Medea a été choisie par la Conférence des évêques suisses (CES) selon la demande et les critères du Secrétariat du Synode. Quant à Sandro et Jonas, ils ont été choisis directement par le Conseil pontifical pour la culture du Saint-Siège pour représenter la frange de la jeunesse distanciée de l’Eglise.
A l’échelle suisse, leur profil répond donc à l’envergure de cette réflexion synodale, résumé par le document préparatoire: «l’Église veut réaffirmer son désir de rencontrer, d’accompagner, de se préoccuper de chaque jeune, sans en exclure aucun».
Cette volonté d’ouverture ne va cependant pas sans difficultés. En mettant l’accent sur la périphérie, «les jeunes qui aiment l’Eglise et qui se sentent pleinement intégrés» ne sentent pas toujours concernés, estime Mgr Marian Eleganti, évêque des jeunes pour la Suisse alémanique et le Tessin.
Résultat, les jeunes catholiques suisses qui gravitent autour des mouvements les plus engagés – Adoraï, JMJ, Theomania, notamment – n’ont pas été les plus nombreux à répondre au questionnaire en ligne proposé par Rome pour préparer la réflexion synodale, selon Mgr Alain de Raemy, évêque des jeunes pour la Suisse romande.
Ce faible intérêt dépasse d’ailleurs les frontières nationales. En octobre 2017, le quotidien du Vatican L’Osservatore romano annonçait que 65’000 réponses était parvenues au Vatican depuis la mise en ligne du questionnaire, en juin 2017. C’est peu, si l’on compare ce chiffre aux 2,5 millions de jeunes qui ont pris part aux JMJ de Cracovie en 2016.
L’évêque des jeunes romands se réjouit cependant de l’intérêt des accompagnateurs de jeunes, sollicités eux aussi. Ils ont transmis aux évêques leur point de vue et leurs attentes quant au prochain synode. Leur réflexion, ainsi que celle du pré-synode et la synthèse du questionnaire en ligne, orienteront les travaux des évêques lors du synode, du 3 au 28 octobre 2018.
Reste un «malentendu», selon Mgr de Raemy: la question du discernement vocationnel. «Dans l’esprit du pape François, cela ne concerne pas d’abord la vocation religieuse ou sacerdotale, comme certains le pensent, mais plutôt la vocation humaine. Ce qui intéresse le pape, c’est la réflexion existentielle des jeunes: ‘Qu’est-ce que je fais de ma vie? Quelle est ma place dans le monde? Comment est-ce que je m’y engage?’ Les réponses à ces questions nécessitent du temps et un accompagnement». Selon lui, à travers le synode, le pape souhaite «offrir aux animateurs jeunesse davantage d’outils pour comprendre et accompagner le fonctionnement spirituel des jeunes». (cath.ch/pp)
Pierre Pistoletti
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