Le Père José Félix Pérez Riera, secrétaire exécutif de la COCC, a déclaré au journal Diario de Cuba que la Conférence épiscopale ne se prononce pas quand il s’agit d’opinions personnelles, à moins qu’il ne s’agisse de questions doctrinales.
Dans une lettre publiée le 25 janvier par plusieurs sites internet dissidents, les Pères Castor Alvarez de Devesa, de la province de Camagüey (est), José Conrado Rodriguez Alegre, de Sancti Spiritus (centre), et Roque Morales Fonseca, de Holguin (est), déclarent vouloir pouvoir choisir leurs dirigeants «librement». Ils demandent une ouverture politique à quelques semaines de l’élection des députés de l’Assemblée nationale populaire cubaine, qui se tiendra en mars prochain, et l’élection du successeur de Raul Castro, âgé de 86 ans, en avril 2018.
Lançant un appel en faveur des libertés religieuses et d’expression, ils interpellent Raul Castro en demandant des alternatives éducatives et l’indépendance des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, déplorant une absence d’Etat de droit à Cuba. Cette lettre a été envoyée à l’occasion du 20e anniversaire de la visite du pape Jean Paul II à Cuba. Il avait visité l’île du 21 au 26 janvier 1998, une première pour un pape depuis l’arrivée de Fidel Castro au pouvoir.
Sur le blog Heraldo Cubano favorable au régime en place à La Havane, Arthur González s’en prend au Père José Conrado Rodriguez Alegre. Il écrit que depuis des années ce prêtre se rend constamment à Miami et est invité sur les chaînes de télévision «pour mentir et perturber la réalité cubaine, et pour se faire probablement payer ses discours, parce que dans ce monde tout se paie».
Avec sa critique publique, le Père José Conrado Rodriguez Alegre est coutumier de ce genre d’initiatives. Il est connu pour ses critiques acerbes du régime cubain. Ses critiques, faites depuis Miami, n’ont pas toujours épargné le cardinal Jaime Lucas Ortega y Alamino, archevêque émérite de La Havane. Ce dernier, cible des anticastristes, est, grâce à son approche prudente, l’artisan de la lente libéralisation du régime à l’égard du catholicisme cubain.
Des médias pro-castristes dénoncent aussi ces prêtres frondeurs, dont le courage est par contre salué par les milieux anticastristes basés en Floride.
Les prêtres qui interpellent le président Raul Castro affirment qu’à Cuba, «il y a des votes, pas des élections. Il y a un besoin urgent d’élections où nous puissions décider non seulement de notre avenir, mais aussi de notre présent. Nous sommes maintenant invités à ‘voter’, à dire ‘oui’ à ce qui existe déjà et il n’y a aucune volonté de changer. Choisir implique, en soi, différentes options, choisir implique la possibilité de prendre plusieurs chemins», écrivent-ils. Ils déplorent que depuis la création du Parti communiste en tant que parti unique, «il n’a jamais été permis à ce peuple d’exprimer une voix différente», fustigeant «l’absence de liberté d’expression», «le monopole et le contrôle des médias» et «l’abandon économique» dans lequel se trouvent les Cubains.
Les signataires estiment qu’il faut tout faire pour empêcher qu’un jour, pour une raison quelconque, Cuba ne sombre dans la violence. Des changements violents «qui ne feraient qu’ajouter encore plus de souffrances inutiles». (cath.ch/com/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
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