A l’issue de son assemblée plénière tenue du 24 au 26 janvier 2018 dans la capitale Cotonou sous la présidence de Mgr Victor Agbanou, évêque de Lokossa, la Conférence épiscopale (CEB) a appelé «tous les fils et filles du Bénin» afin qu’ils fassent reculer le pouvoir de l’argent sur la vie politique nationale.
«En effet, écrivent les évêques dans leur communiqué, cette pratique que nous avons dénoncée à maintes reprises et tout particulièrement lors des élections présidentielles de 2006 et 2016, mène à l’impasse et érige à petits coups, un système d’appauvrissement matériel, moral et spirituel de notre société».
La CEB déclare suivre avec attention l’évolution de la situation socio-politique en République Démocratique du Congo (RDC) en proie à de vives tensions sociales, provoquant des morts et des blessés. «Elle exprime toute sa proximité affective et spirituelle à l’Eglise catholique, ainsi qu’au peuple congolais, et prie Dieu de répandre sa paix sur cette nation meurtrie par tant d’années d’instabilité politique». Mais les évêques béninois expriment également leur préoccupation quant à la situation socio-politique de leur pays.
Le Bénin est confronté, depuis la fin 2017, à des troubles sociaux, marqués par des grèves des magistrats, des enseignants et du personnel de santé, pour protester contre un projet de loi sur la fonction publique, qualifié de «loi liberticide». Votée par l’assemblée, elle supprime le droit de grève dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de la justice. Mais la Cour Constitutionnelle, plus haute instance juridique nationale, a annulé cette nouvelle loi, le 19 janvier 2018, soulignant qu’elle était «contraire à la Constitution».
Dans leur déclaration finale, les évêques béninois indiquent que pendant leur session, ils ont «longuement réfléchi» à la situation socio-politique qu’ils suivent «avec appréhension et inquiétude, mais non sans espérance».
Ils ont ainsi déploré la permanence de la morosité économique, et surtout la montée d’une certaine tension sociale qui s’installe progressivement, mettant le Bénin face à une crise aux conséquences et aux développements imprévisibles. Ils ont souhaité voir les débats de société menés avec «sérénité», dans une ambiance dépassionnée, conformément à «la tradition de paix que l’on connaît au peuple béninois».
Ils ont exhorté les autorités, à tous les niveaux, à renouer le «dialogue vrai et sincère avec les partenaires sociaux, pour la mise en œuvre concertée des réformes nécessaires au développement du pays». A tous les acteurs de la vie politique nationale, ils demandent de réintégrer les principes du jeu démocratique et à faire du «respect scrupuleux» des décisions de la Cour Constitutionnelle la base de leur action politique et citoyenne, conformément à la Constitution du 11 décembre 1990. Ils ont encore plaidé pour la reconnaissance et le respect de «la sacralité de la vie et la dignité humaines, en toute circonstance». (cath.ch/ibc/be)
Jacques Berset
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