A la frontière nord de la Syrie, l’offensive turque se poursuit dans la région d’Afrin, où les affrontements entre les troupes d’Ankara et les milices kurdes ont déjà fait au moins 32 morts, y compris parmi les civils.
La violence a également affecté la capitale Damas, causant des dizaines de morts et de blessés ces derniers jours. La communauté chrétienne elle-même est visée, avec de graves dommages aux églises et la mort d’hommes, de femmes et d’enfants. Ce drame se passe dans le silence assourdissant des médias internationaux, déplore Caritas Syrie.
Des obus de mortier et des roquettes sont tombés le 22 janvier dernier, à 14h15, heure de pointe à Damas. Les étudiants quittaient l’école et les employés leur lieu de travail quand des obus de mortier ont commencé à pleuvoir sur la vieille ville, frappant les quartiers de Bab Touma, Bab Charki et la rue Al-Amin. Les personnes tuées, parmi elles des femmes et des enfants, sont au moins 12 et des dizaines d’autres ont été blessées. Les bombardements aveugles venant des zones rebelles visaient surtout la vieille ville, où se trouvent de nombreuses églises et des écoles chrétiennes.
Au cours des 20 derniers jours, des tirs de mortier ont touché au moins cinq églises, causant des morts et des blessés parmi la population civile et causant des dommages matériels très graves, selon Sandra Awad, responsable de la communication de Caritas Syrie.
Sandra Awad explique que depuis le 1er janvier de cette année, un certain nombre de groupes liés à Al-Qaïda ont lancé une offensive de grande envergure pour reconquérir une base militaire stratégique, située à la périphérie orientale de la capitale Damas. Cette base est le plus grand complexe de la région de la Ghouta orientale, s’étendant de Harasta à Arbeen. La structure abrite un grand nombre de soldats, ainsi qu’un énorme stock d’armes.
Depuis lors, les raids aériens syriens ont commencé à frapper les positions des rebelles et des djihadistes dans la ville de Harasta. En réponse, ces derniers ont commencé à frapper de temps à autres certains districts de Damas en tirant avec des mortiers et en lançant des roquettes. «C’est surtout la vieille ville qui a été touchée», relève Sandra Awad, citée par l’agence d’information catholique AsiaNews à Rome.
Le cardinal Mario Zenari, nonce apostolique en Syrie depuis 2008, a lancé un vibrant appel en faveur des populations syriennes, prises en étau dans les conflits qui opposent les rebelles à l’armée.
«Il est possible de stopper cette violence», qui aurait déjà fait quelque 340’000 morts depuis le début du conflit en 2011, en trouvant une solution politique au conflit en Syrie, a déclaré le cardinal Zenari le 24 janvier 2018. Il se confiait à Vatican News, le nouveau système d’information du Saint-Siège. Le prélat s’est exprimé dans la perspective d’un congrès des Nations Unies organisé le 30 janvier prochain à Sotchi, en Russie.
Le cardinal a ainsi lancé un appel aux participants à cette réunion qui ont une responsabilité particulière dans le conflit, afin qu’ils «écoutent» les «souffrances de tant d’enfants» frappés par la famine et les bombardements. Dans certaines zones du conflit, a également déploré le cardinal Zenari, des milliers de personnes n’ont rien pour affronter le froid de l’hiver.
A Damas, «il y a eu au moins 12 morts et une vingtaine de blessés lundi dernier», a affirmé le cardinal Zenari, décrivant «une journée très très triste», au cours de laquelle notamment deux adolescentes ont été fauchées par des tirs de mortier sur les quartiers chrétiens de la vieille ville, alors qu’elles rentraient des cours. Dans ce contexte, «les parents ont peur d’envoyer leurs enfants à l’école», affirme le nonce apostolique à Damas. (cath.ch/imedia/asianews/be)
Jacques Berset
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