La FREE se dit «convaincue de la pertinence de poursuivre le partenariat avec le service public». Afin de clarifier les choses, Philippe Thueler, secrétaire général de la FREE, explique dans un communiqué du 24 janvier 2018 le point de vue de la plus grande fédération romande d’Eglises évangéliques.
La votation sur «No Billag» le 4 mars 2018 appelle une vague sans précédent de prises de position de groupes divers et variés, parmi lesquels la Fédération des Eglises Protestantes de Suisse (FEPS), la Conférence des évêques suisses (CES) et prochainement le Réseau évangélique suisse (RES).
S’exprimant à titre personnel sur le site de la FREE, le journaliste évangélique Serge Carrel – qui n’est plus son porte-parole – soutient qu’il faut avant tout «soutenir le journalisme évangélique». Le pasteur se demande «si la votation sur l’initiative ‘No Billag’ était l’occasion de donner de l’ampleur à la présence médiatique [des évangéliques] et au journalisme évangélique en Suisse».
Il écrit que la Suisse a besoin de davantage de diversité dans le domaine médiatique et plaide pour «une diminution de la présence du service public (…) Hégémonique sur tous les vecteurs importants de communication en dehors de la presse écrite, il limite le débat en ne permettant pas la pleine expression des opinions. Cette omniprésence rend aussi difficile l’éclosion de nouveaux acteurs qui pourraient donner de la substance à la pluralité du corps social helvétique». Serge Carrel, interrogé par cath.ch, estime que le site de la FREE est le seul média chrétien où existe un réel débat sur la pertinence du maintien ou non de la redevance radio-tv.
Cette prise de position, qui irrite certains au sein même de la FREE, a provoqué la réaction de Philippe Thueler. Le secrétaire général de la FREE souligne que bien que la Fédération romande d’Eglises évangéliques, par principe, ne prend pas position sur des votations, elle est cette fois directement concernée par l’issue du vote. Et ceci au travers de son partenariat avec Medias-Pro (un département de la CER, la Conférence des Eglises Réformées Romandes), en charge du service protestant de radio et de télévision et de l’agence de presse ProtestInfo.
En effet, depuis plus de 8 ans, la FREE a conclu un partenariat avec Medias-Pro et soutient le travail de Gabrielle Desarzens, coproductrice de l’émission Babel, au sein de l’équipe radio. Sa connaissance et ses relais dans le milieu évangélique, notamment au travers de la FREE, permettent une «couverture plus affinée de l’ensemble du protestantisme», comme le relève Medias-Pro.
Du côté de la FREE, ce soutien dénote une volonté affirmée des évangéliques d’être impliqués aux côtés des réformés dans les médias de service public «pour y faire rayonner l’Evangile et participer à de nouveaux espaces culturels».
La FREE est convaincue de poursuivre ce partenariat, insiste Philippe Thueler. Qui relève qu’en cas d’acceptation de l’initiative «No Billag», et selon le scénario le plus souvent mis en avant, le partenariat entre la FREE et Medias-Pro deviendrait caduc. «La réduction drastique de la RTS rendrait la poursuite de l’activité de ‘notre journaliste’ tout à fait improbable. Des années de partenariat seraient stoppées net et un énorme travail d’unité et de développement d’une approche journalistique commune serait sacrifié, alors que les émissions produites par RTSreligion sont fortement appréciées».
Par conséquent, «la FREE est convaincue de la pertinence de poursuivre ce partenariat dans le service public et ne pourrait que regretter de devoir y mettre un terme».
Alors, pourquoi des prises de positions divergentes du côté des évangéliques ? Au-delà de la libre appréciation de chacun, analyse-t-il, il y a sans doute deux aspects propres aux évangéliques qui conduisent certains à opter pour la fin du subventionnement public des médias.
«Premièrement, ces derniers trouvent que les évangéliques (ou parfois leurs thématiques phares) sont mal représentés, voire discrédités dans les médias publics. Deuxièmement, les évangéliques entretiennent, dès leur apparition, un rapport à l’Etat fait d’un mélange de respect et de méfiance. D’où le choix pour certains de supprimer le subventionnement du service public au profit des médias privés, notamment issus de leur milieu. Ils rejoignent en ce sens ceux qui voteront oui pour ‘avoir le choix’ des médias pour lesquels ils paieront».
Un abandon de la redevance serait-il utile aux médias évangéliques privés, se demande Philippe Thueler. «Combien d’évangéliques verseraient les 451 francs annuellement économisés à ces médias ? A voir comment les médias privés évangéliques, existant depuis de nombreuses années, doivent se battre inlassablement pour assurer leur pérennité financière, il est très peu probable qu’un éventuel abandon de la redevance leur profite… Et quand bien même cela arrivait, il est évident qu’aucun de ces médias ne pourrait assurer le type de prestations offertes à l’heure actuelle par le service public».
La volonté de la FREE est d’être présente sur les deux types de médias, «convaincue de l’utilité et de la nécessité de l’un comme de l’autre: le service public, pour être au service de tous dans le cadre qui lui est donné, et les médias privés pour une approche évangélique plus confessante, destinée à ceux qui le souhaitent».
Philippe Thueler, secrétaire général de la FREE, conscient que le milieu évangélique est divisé sur la question, ne tranche pas de façon claire, souhaitant «bon choix aux uns et aux autres !» Mais il confie à cath.ch que les évangéliques se répartissant politiquement comme le reste des citoyens (bien qu’un peu plus à droite), ils vont sans doute voter comme le reste de la population suisse.
Souvent sur la même ligne que l’UDC, qui prône le oui à ‘No Billag’, l’Union démocratique fédérale (UDF) – qui se revendique évangélique – appelle le public à dire «oui à la suppression des redevances radio et télévision». (cath.ch/com/free/be)
Jacques Berset
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