Le point d’orgue de la célébration a été l’allocution de Doris Leuthard. Le discours de l’Argovienne a porté sur la question de ce que la Suisse peut apprendre du couvent de Fahr. La conseillère fédérale a d’abord constaté que l’abbaye était forcée de s’affirmer «face à l’altérité» qui l’entoure. Elle faisait référence à la situation géographique de l’institution, dans une enclave argovienne à l’intérieur du canton de Zurich, morceau catholique en terre protestante. L’abbaye appartient également au diocèse de Bâle, tout en étant entourée par le diocèse de Coire. Elle est en outre un «îlot» de tranquillité au sein de la bruyante métropole zurichoise.
«Le couvent et les Soeurs bénédictines s’affirment parce qu’elles ont su rester elles-mêmes, tout en travaillant avec cet autre monde, sans peur, sans crainte, sans se laisser abattre», a souligné la conseillère fédérale.
Doris Leuthard a ainsi souhaité pour la Suisse cette faculté à rester fidèle à soi-même tout en restant ouvert au monde. «Nous ne sommes pas obligés d’aimer les autres pays. Mais nous ne devrions pas claquer la porte à la face de nos voisins, ni faire des Européens des ennemis de la Suisse», a-t-elle lancé.
La conseillère fédérale a noté que l’humanité vivait actuellement dans un monde complexe marqué par des conflits difficiles à résoudre. Elle a appelé chacun à créer des liens avec les autres et à prendre ses responsabilités.
Elle a en outre estimé que la politique ne «devait pas dégénérer en talk-show». «Les entrepreneurs ne doivent pas uniquement valoriser leur chiffre d’affaires, mais aussi leurs collaborateurs», a-t-elle rappelé à propos du secteur économique.
Pour les Sœurs, il était important d’avoir une femme pour le discours commémoratif, car ce sont des femmes qui font vivre depuis 900 ans l’abbaye de Fahr, a expliqué la Mère supérieure Irene Gassmann dans son allocution. «Puisqu’il n’y a toujours ni femmes évêques ou cardinales dans l’Église catholique, nous nous sommes tournées vers le monde politique», a-t-elle lancé avec humour.
Elle a également expliqué les motifs de célébration de la 888e année du couvent, du moment qu’en règle générale seuls les chiffres ronds sont marqués par des festivités. Il s’agit, avec le chiffre 8, qui dans la Bible symbolise le renouvellement, de donner un nouveau départ au couvent qui abrite encore 20 religieuses. «Nous sommes convaincues que la spiritualité bénédictine continuera de vivre, ici, en périphérie de la ville, même si nous ne savons pas à quoi elle ressemblera dans le futur».
A la fin de la célébration, dans l’église du couvent, Doris Leuthard a offert à la Mère supérieure une «rose Doris». La rose «Doris Leuthard», est une variété de fleur créée en l’honneur de la conseillère fédérale. Elle avait également offert cette rose au pape François lorsqu’elle l’avait rencontré à Rome, en mai 2017. Sœur Irene Gassmann a fait don à la politicienne de produits issus du jardin de l’abbaye.
Outre Doris Leuthard, d’éminentes personnalités de l’Eglise et de la politique étaient présentes à l’événement, dont Mgr Urban Federer, Père Abbé d’Einsiedeln, Martin Werlen, ancien Père Abbé d’Einsiedeln, Mgr Felix Gmür, évêque de Bâle, Josef Annen, vicaire général pour le canton de Zurich, ou encore Luc Humbel, président de la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ). (cath.ch/bal/kath/rz)
Raphaël Zbinden
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