«Maman Marie, viens sauver le pays»: c’est accompagné de ce chant à la Vierge que des marcheurs ont défilé dimanche 21 janvier au centre de Kinshasa. Une fois encore, la capitale congolaise a été secouée par une manifestation. Des centaines de personnes, portant crucifix et chapelets, ont tenté de converger vers la Place de la Victoire, avant de se heurter aux forces de l’ordre.
Kinshasa n’a pas été la seule… D’autres villes du pays, Goma à l’est notamment, ont rejoint le mouvement de protestation contre le président Joseph Kabila.
Dans cette confusion extrême, l’Eglise catholique tient lieu de foyer de l’opposition. Un rôle dû à sa probité. Elle essaie, vaille que vaille, de maintenir le système éducatif et sanitaire sur un territoire équivalent 57 fois à celui de la Suisse. Hélas, la République démocratique du Congo souffre toujours des déliquescences de l’Etat et du pillage de ses ressources. Cet Etat «en complète décomposition», comme le confiait en juillet 2017 à cath.ch le chanoine Guy Luisier, victime personnellement de la guerre larvée au Kasaï, ne laisse entrevoir que peu de solutions.
«Le Congo RDC est en complète décomposition»
Le pays semble ingouvernable, miné par les manœuvres électorales du président Kabila. Quitter le pouvoir lui semble, à l’instar de Faure Gnassingbé au Togo, un déchirement intolérable. Tout paraît bon pour se maintenir aux commandes d’un Etat défaillant. Le gouvernant qui s’accroche semble peu soucieux du bien-être d’une population de 87 millions d’habitants.
L’opposition au président Kabila semble démunie, elle aussi. Et l’Eglise catholique, qui regroupe 70% des Congolais, joue à défaut un rôle qui n’est pas le sien, originellement. La haute stature morale et intellectuelle du cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa et proche du pape François, suffira-t-elle à désarmer un pouvoir aux aguets? «Il est temps que les médiocres dégagent et que règnent la paix, la justice en RD Congo», déclarait le cardinal en début d’année. «Maman Marie» aura fort à faire pour sauver un pays à la dérive.
Bernard Litzler | 22 janvier 2018
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