RDC: la police tire sur des manifestants catholiques

Les forces de l’ordre de la République démocratique du Congo (RDC) ont dispersé, le 21 janvier 2018, des manifestations catholiques devant des paroisses de Kinshasa, la capitale. Des tirs à balles réelles auraient fait au moins un mort.

Une jeune fille de 16 ans est décédée après un tir en rafales d’une auto-mitrailleuse visant l’entrée de l’église Saint-François-de-Sales dans la commune de Kitambo, a déclaré à l’AFP le médecin, ex-ministre et opposant Jean-Baptise Sondji. Ce dernier affirme s’être trouvé sur les lieux.

La Mission des Nations unies au Congo (Monusco) a également fait état d’un mort dans cette paroisse, mais parlait d’un homme à la mi-journée.

Manifestations interdites

Les policiers ont dispersé des marches organisées par un collectif catholique contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila. Il n’y a toujours pas de bilan officiel de l’intervention contre la manifestation pacifique lancée par le Comité laïc de coordination (CLC), affilié à l’Eglise catholique.

La MINUSCO a déployé une cinquantaine de soldats pour s’interposer entre les forces de l’ordre et les manifestants. Ceux-ci exigeaient la mise en œuvre de l’accord de la Saint-Sylvestre, selon lequel le président Kabila doit céder le pouvoir à son successeur élu suite au scrutin prévu en décembre 2018.

Le gouvernement avait interdit ces manifestations, le 19 janvier, envoyant une correspondance en ce sens aux organisateurs. Le vice-gouverneur de Kinshasa, Clément Bafiba, a justifié cette mesure par le fait que les organisateurs n’avaient pas répondu à son invitation d’échange sur le dossier, rapporte radio Okapi, la radio des Nations unies en RDC.

Le CLC a indiqué que la marche pacifique des chrétiens visait à «exiger des parties prenantes, la mise en œuvre intégrale et de bonne foi de l’accord global et inclusif de la Saint sylvestre». Il s’agit aussi pour le CLC de demander au président Kabila d’affirmer publiquement qu’il ne se représentera pas pour un troisième mandat.

Soutien des évêques d’Afrique centrale

La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) avait demandé le 19 janvier aux évêques et aux prêtres des diocèses où les laïcs ont décidé de manifester «d’encadrer les fidèles dans leur volonté d’organiser la marche», pour éviter tout débordement.

Dans une interview téléphonique diffusée par radio Okapi, l’abbé Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO, a ajouté que les évêques reconnaissaient aux laïcs le droit de manifester. Il a cependant conseillé aux organisateurs de respecter la Constitution qui demande d’informer les autorités et non de demander leur permission. L’abbé a aussi exhorté le clergé à ne pas forcer les laïcs à participer aux marches.

Par ailleurs, l’Association des conférences épiscopales d’Afrique centrale (ACEAC) a exprimé sa solidarité avec l’épiscopat congolais, «engagé pour un Etat de droit en RDC». (cath.ch/ibc/ag/rz)

Raphaël Zbinden

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