C’est fort de ce constat qu’a été lancé, début janvier 2018, le projet ThéoDom, une formation sur la toile qui se veut à la fois brève et ludique. L’initiative est partie de trois jeunes frères de la province dominicaine de France étudiant à l’Université de Fribourg.
Alors qu’il y a de nombreuses possibilités d’apprentissages rapides sur internet, «pourquoi pas un petit cours de théologie sur la toile, une petite mise en bouche, sans que ce soit un trop grand investissement», se sont demandés les trois compères, voyant des jeunes catholiques qui demandaient «du contenu», mais étaient aussi avides de débats et de convivialité.
Les initiateurs du projet veulent offrir une formation aux jeunes – et aux moins jeunes – qui n’ont pas l’occasion d’approfondir les fondements de la théologie et qui n’ont pas l’opportunité de s’asseoir sur les bancs de l’Université. Des personnes engagées dans la vie active, sans beaucoup de temps disponible, mais désireux d’en savoir plus.
«Nous nous inscrivons dans une tradition, c’est notre mission de ‘frères prêcheurs’ (c’est le nom de l’ordre des dominicains, ndlr): nous sommes conscients de l’importance de la dimension intellectuelle de la foi».
Les initiateurs de ThéoDom ont bénéficié dès le début du soutien et de l’expérience de la Province dominicaine de France, qui, il y a plusieurs années déjà, a lancé depuis le couvent de Lille la «Retraite dans la ville» ou encore «Carême dans la ville», une communauté qui, à travers ses différents sites, regroupe plus de 160’000 internautes.
Tout avait commencé en 2015, avec des sessions d’été ThéoDom à Belle-Île-en-Mer, la plus grande des îles du Ponant, au large de la Bretagne, et au monastère de Notre-Dame de Chalais, dans le massif de la Grande Chartreuse, près de Grenoble. «On continue ces sessions, qui ont d’emblée rencontré le succès, alors que l’on n’avait pas un grand réseau au départ. Mais le bouche à oreille a fonctionné et on s’est dit: pourquoi pas proposer un cours sous forme numérique…»
Frère Jacques-Benoît, un religieux d’origine alsacienne qui vit actuellement au couvent Saint-Hyacinthe de Fribourg, pilote cette formation chrétienne que l’on découvre sur le site internet theodom.org et les réseaux sociaux. En très peu de temps, à peine une semaine, ThéoDom a rencontré son public: le site a déjà 14’000 abonnés. Les deux autres frères du début de l’aventure ne sont plus à Fribourg: l’un est en Centrafrique et l’autre en région parisienne. «On touche un public plutôt branché méditation et prière», explique Frère Jacques-Benoît.
Le site theodom.org, qui porte le sous-titre «C’est humain de penser à Dieu», propose aux internautes d’approfondir leur foi et de découvrir les grandes questions qui parcourent la théologie, à travers des vidéos brèves et des jeux. Il va offrir 4 sessions de chacune 5 semaines, avec un nouveau contenu par semaine. Chaque fois un autre frère présente un sujet théologique dans une vidéo d’une durée de deux minutes trente. Il répond également aux questions des internautes. La première semaine pose cette question: «Dieu a-t-il écrit la Bible ?»
«Qui a écrit la Bible ? Comme croyant, comment répondre à cette question qui concerne notre foi ? Comment prendre en compte les recherches historiques et archéologiques concernant la Bible ?» C’est le frère Grégoire Laurent-Huyghues-Beaufond qui donne cette fois-ci des éléments de réponse. «Nous disons que la Bible est parole de Dieu, qu’elle vient de Dieu; alors on imagine Dieu qui parle et l’auteur biblique qui note tout, sous la dictée, comme une machine à écrire. Si Dieu avait voulu écrire la Bible, il se serait passé des hommes. Il aurait créé un livre parfait qu’il aurait donné aux hommes. Dans la foi chrétienne, nous ne disons pas que Dieu a écrit la Bible, mais nous disons qu’il a inspiré la Bible. Et toute la différence est là !», explique le dominicain.
Dans un deuxième temps, le site propose deux petits jeux. La personne peut se tester et répondre à des questions en lien avec la vidéo. «C’est fait d’une façon ludique». Ensuite vient un forum de discussion. «On a ouvert le forum vendredi dernier, et à peine ouvert, il y avait déjà une dizaine de contributions. Les gens ont vraiment envie de partager et d’interagir».
Ceux qui veulent aller plus loin et approfondir peuvent visionner une vidéo de 3-4 minutes, qui permet une disputatio, montrant que la théologie peut aussi être un lieu de débat. «Je peux être croyant et interpréter les Ecritures de différentes manières, de façon spirituelle ou par exemple historico-critique, sans que l’une des approches n’exclue l’autre».
La démarche veut également passer du virtuel au concret, en incitant à former des groupes ThéoDom dans les régions. Les initiateurs proposent de publier une annonce sur leur site et offrent un schéma de discussion, avec des textes, qui peut être suivi ou non. Les intéressés n’ont plus qu’à s’inscrire! JB
Frère Jacques-Benoît Rauscher, alsacien né à Belfort, a été formé à Sciences Po à Paris. Ancien professeur de sciences économiques et sociales en banlieue parisienne et docteur en sociologie, il est entré dans l’Ordre des dominicains en 2010, à l’âge de 30 ans. Après son noviciat à Strasbourg et un début de formation théologique de 3 ans à Lille, il a passé son master de théologie à Fribourg en 2016 et sa licence canonique en 2017. Il commence une thèse en théologie morale sur le thème de la migration économique. (cath.ch/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
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