Le nouvel Index mondial de la persécution désigne comme causes principales de la persécution des chrétiens les mouvements islamistes et nationalistes qui s’intensifient surtout en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient.
Dans ces régions, les islamistes poussent à la radicalisation une grande partie de la population et plongent des pays entiers dans la guerre et le chaos. Ce développement est alimenté par le combat fratricide que se livrent les musulmans sunnites et chiites et notamment leurs puissances protectrices l’Arabie Saoudite et l’Iran.
Un nationalisme idéologique fondé sur le communisme restreint la vie des chrétiens au Vietnam et au Laos, ainsi qu’en Chine. La Corée du Nord, avec son culte de la personnalité entourant la «dynastie Kim», occupe une fois de plus, sans interruption depuis 2002, le premier rang parmi les pires persécuteurs des chrétiens. Environ 300’000 chrétiens y vivent leur foi de manière clandestine.
L’hindouisme et le bouddhisme nationalistes – soutenus par le gouvernement et la population – sont responsables d’une augmentation des persécutions en Asie. Après 10 ans d’absence, le Népal fait son retour dans l’Index mondial de persécution, au 25e rang, ce qui représente la détérioration la plus marquée.
En Inde, la violence contre les chrétiens est montée en flèche. Leur situation s’est considérablement dégradée, et le pays grimpe de la 15e à la 11e place. M. Rajeshwar Singh, du groupe Dharm Jagran Samiti (DJS), connu pour ses (re)conversions forcées à l’hindouisme, a annoncé en 2014 que l’Inde serait «libérée» des chrétiens et des musulmans d’ici 2021. Le président indien N. Modi encourage l’hindouisation de son pays et l’idéologie de l’hindutva, selon laquelle tout Indien doit être hindou. Des lois anti-conversion ont été promulguées dans six Etats indiens.
La Birmanie (Myanmar) passe du 28e au 24e rang. Les conséquences du nationalisme bouddhiste affectent non seulement les Rohingyas musulmans mais aussi la petite minorité chrétienne, exposée à d’importantes pressions sociales à cause de sa foi.
Portes Ouvertes rappelle aussi que la persécution, ce ne sont pas seulement des églises qui brûlent ou des chrétiens tués en nombre lors d’une attaque brutale ou d’un attentat-suicide. Il y a aussi la pression incessante exercée sur les chrétiens par le gouvernement, la société, le clan ou la famille, et qui les pousse à entrer en clandestinité ou à s’exiler. Pour Philippe Fonjallaz, directeur de Portes Ouvertes Suisse, «la pression sur les chrétiens est énorme quand un gouvernement comme celui de l’Inde fait emprisonner des chrétiens uniquement pour leur foi. Nous en connaissons actuellement 635 cas. Pensons aussi au Pakistan, où rien qu’en 2017, plus de 700 chrétiennes ont été mariées de force à des musulmans.»
Les convertis au christianisme sont sous pression constante dans les pays bouddhistes, hindouistes et musulmans. S’ils sont découverts, ils risquent d’être harcelés, expulsés, voire tués. Les chrétiens, et surtout les convertis, sont souvent désavantagés sur le marché du travail et dans l’accès à l’éducation, aux soins médicaux ou à l’aide publique. Dans beaucoup de pays musulmans, la religion est indiquée sur la carte d’identité, ce qui favorise l’inégalité de traitement. De plus, au Pakistan, par exemple, la voix d’un chrétien devant les tribunaux ne vaut que la moitié de celle d’un musulman.
Mis à jour chaque année, l’Index mondial de persécution de Portes Ouvertes est établi selon selon une méthodologie précise. Les actes violents survenus entre le 1er novembre et le 31 octobre de l’année précédente sont pris en compte. L’index est également continuellement amélioré par des scientifiques et des experts, de façon à refléter le plus précisément possible la situation des chrétiens. Le terme «persécution» se réfère à la définition de l’ONU. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) spécifie que «des menaces à la vie ou à la liberté pour des raisons de race, religion, nationalité […] sont toujours des persécutions.» Depuis 1955, l’ONG chrétienne Portes ouvertes s’engage en faveur des chrétiens persécutés de toutes confessions, aujourd’hui dans plus de 60 pays. Elle dispose d’un excellent réseau sur le terrain. (cath.chcom/mp)
Maurice Page
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