Afrique: Migration et famille au cœur du message de Noël des évêques

Plusieurs évêques d’Afrique francophone, dans leur traditionnel message de Noël à leurs compatriotes, ont mis l’accent sur la famille, sur le sort des migrants qui quittent leur foyer en raison de la pauvreté et de la précarité, et sur l’incivisme.

Au Sénégal, Mgr Benjamin Ndiaye, archevêque de Dakar, la capitale, a dénoncé «le sort  cruel» des migrants africains en Libye, dont certains sont même «vendus et réduits en esclavage». Dans son traditionnel message de Noël, diffusé à la radio et la télévision nationales, il a indiqué que cette situation «nous concerne directement, vu le nombre de jeunes Sénégalais concernés, toujours attirés par l’aventure de cette émigration illégale, malgré les multiples dangers du parcours».

«Mal-être» de la jeunesse

Pour Mgr Ndiaye, cette émigration «témoigne aussi du mal-être» de la jeunesse et d’une désespérance réelle, liés à la précarité et à la pauvreté. «Elle nous renvoie aussi à nos propres responsabilités, et nous interpelle nous tous, à différents niveaux: les pouvoirs publics, les familles, les guides religieux, les militants des partis politiques, les jeunes eux-mêmes», a-t-il poursuivi.

«Travaillons donc ensemble à redonner confiance à notre jeunesse, à enraciner dans les esprits et les comportements, les bases d’une véritable conscience citoyenne», a-t-il encore exhorté. Il a aussi invité ses compatriotes à «accentuer l’option préférentielle pour les pauvres et les petits de la société, à œuvrer ensemble à promouvoir le droit et la justice pour que la paix règne dans les cœurs et dans les relations humaines».

Île Maurice

Le cardinal Maurice Piat, archevêque de Port-Louis, sur l’Île Maurice, dans l’Océan indien, a abondé dans le même sens que Mgr Benjamin Ndiaye, en axant son message de Noël  sur la migration. A ce propos, il a condamné la situation dramatique à laquelle font face les migrants.

«Durant les jours et les mois écoulés, qui parmi nous n’a pas été touché par les images répétées de ces flots de migrants qui fuient leur pays à cause de la violence, de la guerre et des situations économiques désastreuses ?», s’est-il interrogé.

Passeurs rapaces et marchands d’esclaves modernes

L’évêque a rappelé que ces centaines de milliers de personnes qui quittent leur maison, leurs proches, la mort dans l’âme, deviennent chaque jour les victimes de la «rapacité» des passeurs et des marchands d’esclaves modernes. Ces migrants s’exposent «aux dangers d’océans déchaînés et de frontières aux barbelés acérés, avec pour seule force, pour seule énergie, leur rêve d’une vie meilleure ou d’une simple survie».

«En face, il y a l’impuissance de plus en plus étalée des pays nantis qui s’épuisent en rencontres et conférences internationales dans la vaine recherche de moyens technocratiques et politiques pour endiguer ces flots migratoires (…) Cette confrontation quotidienne, a poursuivi l’archevêque de Port-Louis, nous fait toucher du doigt le vertige dans lequel plonge notre humanité en quête du bonheur (…) Car, ce modèle de vie qui attire et fascine les plus démunis de la planète et que les nantis s’efforcent de protéger contre leur invasion, semble lui-même bâti sur les sables mouvants du rêve d’une croissance économique sans limite dans un monde limité».

Et le cardinal Maurice Piat de dénoncer cette croissance qui, à son tour, engendre une consommation toujours plus dévorante et plus futile. «Ce type de capitalisme ultra-libéral met en danger l’équilibre écologique de la planète et l’avenir même de populations entières», a-t-il déploré.

Mali et Burkina Faso

Au Mali, le cardinal Jean Zerbo, archevêque de Bamako, la capitale, a mis l’accent sur la famille, dans son message de Noël diffusé par la télévision nationale. Dans ce cadre, il a appelé ses concitoyens à s’interroger sur la situation de la famille malienne aujourd’hui, pour savoir quelle société ils voudraient bâtir pour les générations futures.

Tout en saluant les bonnes relations entre musulmans et chrétiens du pays,  il a insisté sur le fait qu’ils doivent s’interroger sur leur place dans la société malienne, en quête de reconstruction et de paix. Et de demander qu’ensemble on fasse de son appartenance religieuse «un tremplin pour nous engager dans la recherche de la construction de la paix au Mali, à travers l’institution famille».

Halte à la culture de la violence

Au Burkina Faso, le cardinal Philippe Ouédraogo, archevêque de Ouagadougou, la capitale, s’est élevé contre l’inquiétante montée de violence et les ^»actes terroristes et inciviques» qui ont marqué l’année 2017 dans le pays.

Cité par le site d’information burkinabè en ligne fasozine.com, il a relevé que ces comportements ont porté atteinte à l’intégrité physique d’un certain nombre de personnes et ont également «détérioré» des biens tant publics que privés. Pour  ce faire, a-t-il dit, il est devenu «impératif de dire: halte à la culture de la violence et à l’incivisme sous toutes ses formes», et de se laisser inspirer par le message de Noël. (cath.ch/ibc/be)

 

 

 

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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