Les personnes interrogées ont évalué en moyenne la part des musulmans en Suisse à 17,2%. Elle atteint en réalité 5,1%, selon l’Office fédéral de la statistique (OFS).
Au-delà de cette surestimation, 70% des participants ont répondu ‘oui’ ou ‘plutôt oui’ à la question «Seriez-vous dérangé par une augmentation de la proportion de musulmans en Suisse?»
La peur de l’islam augmenterait avec l’âge. Plus des trois quarts des personnes âgées de plus de 65 ans verraient d’un mauvais œil la hausse du nombre de musulmans en Suisse, contre 57% chez les 18-34 ans.
Une fracture se fait également sentir au niveau du positionnement politique. Les électeurs de l’Union démocratique du centre (UDC) se disent à 93% défavorables à l’expansion de l’islam dans le pays, contre 38% du côté des Verts et des socialistes. Les votants du Parti démocrate chrétien (PDC) et du Parti libéral-radical (PLR) sont également à 72% contre une croissance du nombre de musulmans.
Des résultats, qui n’étonnent pas Christophe Monnot, chercheur à l’Institut de sciences sociales des religions à l’Université de Lausanne et membre du Groupe de recherche sur l’islam en Suisse (GRIS). La perception erronée des sondés quant au nombre de musulmans en Suisse est un «phénomène classique», selon le spécialiste: «Quand une minorité est stigmatisée, pointée du doigt, il est courant d’exagérer sa présence». Une surévaluation qui se manifesterait partout en Europe.
Pour Christophe Monnot l’islamophobie ambiante se nourrit de «fantasmes». Il a notamment été constaté avec l’interdiction des minarets que les personnes qui avaient voté pour se trouvaient dans les endroits où il y avait le moins de musulmans.
«Une minorité de musulmans attire l’attention et des groupes politiques ont intérêt à la mettre en avant, mais la grande majorité est constituée de gens comme vous et moi, invisibles, bien intégrés et qui demandent juste à être tranquilles», analyse Christophe Monnot. (cath.ch/24h/rz)
Le mariage pour tous plébiscité
Au-delà des questions sur l’islam, le sondage de Tamedia, réalisé sur 17’143 personnes en ligne, s’est étendu à d’autres questions de société.
L’enquête révèle notamment que 72% des Suisses sont favorables au droit pour les couples homosexuels de se marier. 46% estiment que ces couples devraient pouvoir adopter des enfants. 24% désapprouvent les deux propositions.
Le sondage démontre aussi que 52% des citoyens ne sont jamais allés dans un lieu de prière au cours de la dernière année. 34% y sont allés moins d’une fois par mois. Seulement 6% se sont rendus dans un lieu de culte une à deux fois par mois, 4% chaque semaine et 1% plusieurs fois par semaine.
L’enquête montre également une volonté de réduire l’ouverture des frontières. Pour 53% des participants, la Suisse accueille trop de réfugiés. 31% jugent la situation actuelle satisfaisante et 15% estiment que le pays devrait être plus généreux.
Une majorité de sondés réaffirme finalement son attachement aux accords entre la Suisse et l’Europe. Près de la moitié (47%) juge qu’il faut les renforcer et plus d’un quart (28%) que le statu quo s’impose. En revanche, seulement 7% des habitants souhaitent un rattachement à l’Union européenne.
Le changement climatique inquiète en outre les Suisses. 65% ont estimé qu’il s’agissait d’un «gros» ou «plutôt gros» problème pour le pays. Pour seulement 8%, il ne représente aucune menace.
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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