«La crèche n’a pas sa place à l’école, car c’est indéniablement un objet symbolique religieux par la présence de l’enfant Jésus […]», affirme Alain Bouquet, directeur général de l’enseignement obligatoire du canton de Vaud (DGEO). «La crèche appartient donc au domaine cultuel et non pas seulement culturel, et nous refusons ce signe trop ostentatoire dans nos classes», assure-t-il dans le quotidien romand 24 Heures du 18 décembre 2017.
Le temps où les enfants préparaient la Nativité en classe est révolu, souligne le journal. L’école vaudoise s’appuie toujours plus sur la laïcité comme pilier d’une bonne cohabitation entre des élèves aux horizons culturels variés. Les festivités de l’Avent ont ainsi pris une coloration plus neutre.
Dans la réalité, les établissements du canton ne tournent toutefois pas le dos à ces traditions fortement ancrées. «On est dans une culture chrétienne, les élèves voient Noël partout. S’empêcher d’en parler voudrait dire que l’on déconnecte totalement l’école de la réalité», relève Grégory Durand, président de la Société pédagogique vaudoise.
La direction générale de l’enseignement obligatoire admet ainsi d’autres symboles que la crèche liés à Noël. Les calendriers de l’Avent sont par exemple acceptés, même s’il se fait en fonction du 24 décembre. Alain Bouquet admet qu’il ne serait pas possible de légiférer sur ce point, parce que «cela touche quelque chose de profondément ancré dans la vie familiale». «Il ne faut tout de même pas tomber dans une espèce d’hygiénisme bien-pensant», précise-t-il. Même chose pour les chants de Noël. «Ces chants font le lien entre générations […] On est dans le culturel plus que dans le religieux et on serait bien stupides de se priver de ce lien», affirme le responsable public.
Les sapins décorés ne semblent, eux, ne poser aucun problème. «C’est un vrai symbole laïque, qui fait figure d’emblème neutre de la nativité», souligne Alain Bouquet.
Il ne s’agit pourtant pas de directives de la part de la DGEO. Les établissements vaudois ne donnent pas non plus de consignes en ce sens. Les autorités scolaires s’en remettent au bon sens des enseignants pour trouver un équilibre entre les diverses sensibilités. Les exemples cités par 24 Heures montrent que les enseignants mettent principalement l’accent sur les valeurs liées à Noël, sans faire explicitement référence à l’héritage chrétien.
Les divers acteurs relèvent en tout cas un climat apaisé face à cette question. «Beaucoup de parents sont laïcisés et acceptent que l’on évoque la mythologie de Noël comme des histoires que les enfants doivent cultiver pour comprendre leur monde», explique Evelyne Vaucher, Secrétaire générale de l’Association vaudoise des parents d’élèves. Cette vision des choses est partagée par Pascal Gemperli, président de l’Union vaudoise des associations musulmanes (UVAM). Bien qu’il perçoive «la crainte de certaines familles que l’enfant perde ses valeurs et sa connaissance de l’islam», il considère les activités scolaires de Noël comme «des connaissances à avoir pour vivre en société». Pour le responsable musulman, «quand les enfants sont petits, il faut les laisser vivre et avoir du plaisir dans cette fête. Plus tard, ils se poseront des questions et ce sera l’occasion de discuter, d’avoir un échange autour des religions et d’aiguiser leur regard critique». (cath.ch/24h/rz)
Raphaël Zbinden
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