La réflexion de ce groupe de dirigeants s’est articulée autour de quatre axes principaux: l’éducation, la religion, la constitution et les cadres juridiques. En ligne de mire: la progression d’un projet national d’unité par l’établissement de communautés inclusives et diversifiées.
Rassemblés par le Conseil œcuménique des Eglises (COE), ils représentaient la diversité du tissu religieux et ethnique irakien. Appartenant respectivement aux communautés chiite, sunnite, shabak, sabéenne, mandéenne, yezidi, kaka’i et chrétienne, la quarantaine de chef religieux s’est engagée à travailler ensemble pour l’avenir du pays.
Plus qu’une simple réflexion, cette rencontre était également «un exercice d’acceptation réciproque et de collaboration entre participants», a indiqué le Conseil œcuménique des Eglises dans un communiqué de presse transmis le 15 décembre 2017.
«Ce dialogue a renforcé le dialogue et la confiance entre les chefs religieux présents et nous a permis d’interagir positivement, a déclaré en ce sens le Cheikh Yousif Al-Nasery, secrétaire général des érudits religieux de la Shura. Elle nous a rapprochés les uns des autres, offrant à notre peuple un bel exemple de coexistence et de dialogue interreligieux. Lorsque nous nous attelons au dialogue entre nous, nous encourageons l’acceptation de l’autre ainsi que la reconnaissance des erreurs. Deux éléments nécessaires à la construction d’un Etat civil pacifié en Irak», a-t-il ajouté.
Les participants se sont également attelés à une question délicate: la sources des conflits qui ont ébranlé le pays.
«Nous ne devons pas nier que certains des actes de violence dont nous avons été témoins dans notre pays ont leurs racines dans la religion et les textes religieux», a ainsi affirmé le Dr Khaled al Mulla, religieux sunnite musulman de Bagdad, chef de l’Association des érudits irakiens et membre de l’Alliance nationale irakienne.
A ses yeux, il est primordial «d’accepter ce fait» pour ensuite «rechercher des remèdes». Parmi lesquels: «La promotion de lectures positives de nos textes religieux, l’imposition d’un discours religieux modéré dans nos sermons, la formation des clercs à l’acceptation de la diversité et de l’inclusion.»
Waheed Mandoo Hammo, Premier ministre du gouvernement provisoire d’Ezidikhan en Irak et représentant de la communauté Yazidi, a considéré cette conférence comme une première étape dans un processus de reconstruction plus large. Cette rencontre offre «un espace pour un dialogue honnête, mais aussi pour le partage de la douleur et l’expression des préoccupations et des craintes concernant l’avenir».
La réflexion devra donc se poursuivre. «Nous savons tous ce qu’est la maladie, mais personne n’a trouvé de remède à ces maladies «, a affirmé l’archevêque Avak Assadourian, primat du diocèse arménien d’Irak et secrétaire général du Conseil des dirigeants d’Églises chrétiennes en Irak. C’est pourquoi j’aimerais que nous ayons plus de temps pour travailler en petits groupes, afin d’aborder les questions qui ont été soumises à cette conférence».
Un souhait que reprend la déclaration finale de la conférence. Elle appelle également à l’élaboration d’un plan d’actions afin de relever les défis identifiés par les participants. (cath.ch/coe/pp)
Pierre Pistoletti
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