Débutée au 16e siècle, l’évangélisation de l’actuelle Birmanie s’est faite essentiellement depuis les régions maritimes et frontières du Siam (actuelle Thaïlande), explique un article de l’agence Eglises d’Asie. Progressivement, les missionnaires se sont rendus dans les territoires des différentes ethnies. Ainsi, à partir de la seconde moitié du 19e siècle, les prêtres des Missions Etrangères de Paris (MEP) se rendent dans les zones où même le bouddhisme n’avait pas pénétré. Notamment chez les Karens et les Kachins.
Ainsi, lorsque les deux premiers évêques du pays sont ordonnés en 1954 – les premiers prêtres l’ont été en 1783 – ils appartiennent à deux ethnies différentes : l’un est Birman, l’autre est Karen. Depuis, tous les évêques du pays – actuellement 22 – sont nommés sans considération ethnique.
De même, lorsque les missionnaires catholiques ont été expulsés du pays lorsque la junte militaire a pris le pouvoir en 1966, ils ont été remplacés au sein des communautés par des prêtres birmans de toutes ethnies. Cela a permis à l’Eglise de se développer malgré les spoliations: de 300.000, les fidèles sont passés à 750’000, les prêtres de 150 à 750 et les religieuses de 400 à 1’600 et le nombre de diocèses double.
Aujourd’hui, alors que la Birmanie est sous un statut politique incertain avec un pouvoir théoriquement civil mais une prépondérance de l’armée, l’Eglise continue de parler avec tous les interlocuteurs. Si Aung San Suu Kyi est soutenue, tant par les évêques que par le Vatican où elle a été reçue avant l’établissement en mars dernier de liens diplomatiques, la junte militaire est aussi prise en compte. Ainsi, à la demande des évêques du pays, le pape François rencontrera en privé le chef des armées le 30 novembre.
L’Eglise catholique veut également faire le lien entre les différentes composantes du pays. Le cardinal Bo reconnaît publiquement les souffrances «immenses» des musulmans rohingyas. Il accède également au désir de la population majoritairement bouddhiste, de l’armée et du gouvernement de ne pas employer ce terme de ›Rohingyas’ (terme bengali pour désigner l’ensemble des habitants de cet Etat), qui ne sont pas tous musulmans. Cette requête a été acceptée par le pape François. (cath.ch/imedia/xln/bh)
Bernard Hallet
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