«Concernant les employés qui sont fichés S en France, des mesures draconiennes vont être prises. Ils ne vont pas rester dans ce centre», affirme le responsable saoudien dans la TDG du 17 novembre 2017. La mosquée du Petit-Saconnex est en effet sous la tutelle de la LIM, elle-même reprise en mains par le jeune prince héritier Mohammed bin Salman. Mohammed bin Abdulkarim al-Issa, ancien ministre de la Justice d’Arabie saoudite veut que le lieu de culte devienne «un modèle en matière de culture, de dialogue et d’intégration». Il prévient que si ce but n’est pas atteint, il pourrait fermer le centre.
La sécurité et l’organisation de la grande mosquée inquiètent les autorités suisses et genevoises depuis plus de deux ans. En 2015, deux jeunes d’un groupe de personnes radicalisées qui fréquentaient l’endroit sont partis dans la zone de conflit irako-syrienne.
Mohammed bin Abdulkarim al-Issa admet que des erreurs ont été commises au Petit-Saconnex. Il assure que son positionnement diffère totalement de celui qui prévalait auparavant. «Je veux lutter contre toutes les idées extrémistes, cesser toute collaboration avec des personnes qui portent ces idées et même les dénoncer». Il souhaite être informé à l’avenir des problèmes pour que des mesures soient prises immédiatement et assure que toute personne engagée fera l’objet d’une enquête approfondie.
Le superviseur de 25 mosquées en Europe prône un islam qui se veut modéré, à l’image du prince héritier d’Arabie saoudite, en rupture avec la ligne traditionnelle. Il affirme en outre que le wahhabisme, l’idéologie officielle du royaume saoudien, n’est pas à la base de la formation de Daech. Il rappelle que le nombre de Saoudiens ayant rejoint les rangs du groupe djihadiste est minoritaire par rapport à d’autres pays. «L’Arabie saoudite ne veut ni des extrémistes religieux ni des terroristes. Nous luttons contre les deux», martèle-t-il.
Le jeune prince héritier Mohammed bin Salman utilise la LIM à des fins politiques, analyse Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen. Pour le politologue suisse, le but est de changer l’image de l’Arabie saoudite, si critiquée pour sa ligne idéologique rigoriste par la communauté internationale.
Il considère que si la LIM restructure la mosquée de Genève, un lieu prestigieux pour elle, «cela donnera un signal politique fort et redorera l’image de l’Arabie saoudite dans le monde». (cath.ch/tdg/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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