D’après le Centre catholique multimédias (CCM), depuis 2013, 520 menaces de mort ont été proférées à l’égard de prêtres, 18 assassinats ont été commis contre des séminaristes, ainsi que 24 tentatives d’homicides. Le rapport indique également que deux prêtres ont disparu et deux ont été victimes d’enlèvements ratés.
Toujours d’après le CCM, pour la neuvième année consécutive, le Mexique est considéré comme le pays le plus dangereux pour exercer le sacerdoce. Le texte de l’organe de presse lié à l’Eglise affirme que «les agents pastoraux au Mexique sont chaque fois plus vulnérables face à l’augmentation des vagues d’agressions, d’assassinats et d’enlèvements, dans la mesure où les autorités ne fournissent aucune forme de protection, en particulier dans les zones à haut risque où prolifère l’insécurité et où opèrent des groupes du crime organisés».
Un article publié la semaine dernière par le quotidien espagnol El Pais assure que les statistiques du CCM sont même loin du compte. Depuis début 2017, les religieux mexicains auraient reçu près de 800 menaces de mort, soit 50% de plus qu’en 2016. Il précise également qu’au-delà des chiffres, c’est la cruauté et la brutalité des crimes qui attirent l’attention.
Omar Sotelo, fondateur du CCM, qui a été chargé par les autorités de l’Eglise mexicaine d’étudier ce phénomène, a souligné que «les religieux viennent grossir les chiffres des victimes car ce sont des personnes qui gênent le crime organisé, dénoncent les politiques impliqués, aident les migrants, viennent en aide aux blessés et connaissent bien les gens dans leurs villages».
Le responsable du CCM rajoute que «la figure du religieux se désacralise comme guide et pasteur de la communauté. Avec l’assassinat d’un religieux, le message envoyé par les auteurs est clair: si je suis capable de tuer un prêtre, je peux tuer n’importe qui d’autre».
Le Père Alejandro Solalinde est probablement le religieux le plus menacé au Mexique. «Avant, nous autres les prêtres, étions intouchables, mais la violence est devenue plus ‘démocratique’ et il n’y a désormais plus aucune limites».
Lauréat du Prix National des droits humains en 2012 pour son travail en faveur des migrants, le Père Solalinde affirme qu’il a systématiquement dénoncé aux médias les menaces qu’il a reçues. A travers un livre intitulé Les narcotrafiquants qui veulent ma mort, publié également en Espagne, le prêtre affirme vouloir «montrer au monde ce qu’il advient des migrants, la connivence entre le crime organisé et le ‘crime autorisé'».
Lors de l’interview donnée à Mexico city, lors de la présentation du rapport du CCM, le Père Solalinde a expliqué que les prêtres sont gênants pour le gouvernement et les cartels parce qu’ils interfèrent dans le milieu des affaires et de l’argent. «Les migrants sont de la marchandise pour eux. Si vous défendez les droits humains, dénoncez les crimes et protégez les victimes, vous vous mettez en travers du business. J’ai la chance d’être encore vivant, mais des dizaines de militants de droits humains et des journalistes ont été assassinés cette année dans le pays. Nous sommes en danger, mais qui possède une conscience va continuer à lutter tant qu’il sera vivant», conclut le prêtre mexicain. (cath.ch/jcg/rz)
Raphaël Zbinden
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