Commentant l’Evangile du jour sur les futurs invités au repas du Royaume de Dieu (Lc 14,15-24), le pape a insisté sur la gratuité de l’invitation de Dieu. «Le salut ne s’achète pas, a-t-il affirmé, le Seigneur ne demande rien en échange». Il n’y a pas de contrepartie, «juste de l’amour, de la fidélité».
Ceux qui le refusent, en revanche, pensent qu’ils peuvent se sauver par leurs propres moyens. Cette attitude correspond en fait à une vieille hérésie chrétienne, le pélagianisme, dénoncée à plusieurs reprises par l’actuel successeur de Pierre. Elle consiste à privilégier les efforts de l’homme dans la question du salut, plutôt que de compter sur la grâce divine.
Il y a cependant un «billet d’entrée» pour entrer dans le Royaume, a encore expliqué le pontife. Il consiste à se reconnaître malade, pauvre, pécheur. «Dieu reçoit tout le monde, mais certains invités ne comprennent pas cette gratuité». Le pape a alors cité l’enfer dans la Divine comédie de Dante, qui consiste à laisser l’espérance à la porte. «Alors tu as tout perdu», a-t-il commenté.
Le 9 octobre dernier, le journaliste Eugenio Scalfari, fondateur du quotidien italien La Repubblica, affirmait que la révolution de ce pontificat était d’avoir aboli les notions d’enfer, de paradis et de purgatoire – ce que l’Eglise appelle les fins dernières.
Le 3 novembre, lors de son homélie de la messe pour les cardinaux et évêques morts en 2017, le pape avait au contraire souligné que ceux qui ressusciteront au dernier jour, car rachetés par le sacrifice du Christ, seront un «grand nombre», une «multitude». Le pape semblait ainsi réfuter une traduction liturgique en vigueur dans certains pays, dont l’Allemagne.
Ce débat concerne le nombre des élus dans la prière de consécration eucharistique au cours de la messe. Certains épiscopats ont jusqu’ici préféré l’expression du sang versé «pour tous» – für alle en allemand – au lieu d’une expression plus proche du latin pro multis – pour beaucoup. L’enjeu de ce débat est en fait la question de l’universalité du salut. Offert à tous, il laisse la liberté au croyant de répondre positivement ou non, avait déjà précisé Benoît XVI.
Situé à la fin de l’année liturgique, le mois de novembre comporte nombre de textes liturgiques orientés vers le Ciel, le Royaume de Dieu, et la fin des temps. Il est aussi traditionnellement dévolu à la prière pour les âmes du purgatoire. (cath.ch/imedia/ap/bh)
Bernard Hallet
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