La veille de sa mort, le pape Jean Paul Ier s’était plaint de vives douleurs à la poitrine mais avait refusé de faire appeler un médecin. C’est ce que rapporte Stefania Falasca, vice-postulatrice de la cause de béatification du ‘pape au sourire’, dans son livre intitulé «Pape Jean Paul Ier chronique d’une mort».
Le livre repose sur une série de documents et de témoignages inédits des proches du pape Luciani. Parmi ces actes, figure la déposition de Sœur Margherita Marin, la seule survivante des quatre religieuses qui assistaient le pape. Agée de 37 ans à l’époque, elle était la plus jeune de la communauté. Elle n’avait jamais témoigné depuis. Aujourd’hui, son histoire est un point de référence essentiel. C’est elle, accompagnée de Sœur Vincenza Taffarel, qui a découvert le corps du pape, avant l’arrivée de son secrétaire le Père John Magee.
Le soir à la veille de sa mort, le pape est resté seul dans sa chambre. Les religieuses l’ont trouvé le lendemain matin en pyjama dans son lit, la lumière allumée. Il était allongé avec ses deux coussins derrière le dos qui le maintenaient un peu relevé, les jambes tendues, les bras sur les draps, et dans les mains, reposant sur la poitrine, il serrait des feuillets dactylographiés, la tête légèrement tournée vers la droite avec un léger sourire, les lunettes posées sur le nez, les yeux à moitié fermés…. on aurait dit vraiment qu’il dormait.
Le médecin pontifical, Renato Buzzonetti, a constaté la mort et établi le certificat de décès. «C’était une mort subite» et «par définition naturelle», écrit-il. Selon le médecin, Albino Luciani est décédé d’une «cardiopathie ischémique», dont «l’infarctus du myocarde est l’expression la plus grave». Les douleurs à la poitrine ressenties la veille par le pape, en présence de son secrétaire John Magee, sont également mentionnées dans son rapport médical. Mais le corps du pape ne fut pas autopsié.
Le livre documente aussi le dossier médical d’Albino Luciani, ainsi que les doutes des cardinaux après sa mort. Les membres du nouveau conclave interrogèrent les médecins sur les éventuels indices d’une intervention extérieure, rapporte Stefania Falasca.
Dans la préface de l’ouvrage, le cardinal Pietro Parolin, actuel secrétaire d’Etat du Saint-Siège, se félicite que les points laissés en suspens soient ainsi clarifiés. Amplifiés et faussement représentés par la légende noire, ils avaient donné lieu à diverses hypothèses de complot, en particulier celle d’un empoisonnement du pape impliquant son secrétaire d’Etat, le cardinal français Jean-Marie Villot, ou encore la mafia ou la loge maçonnique P2. (cath.ch/ag/mp)
Maurice Page
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