Jusqu’au 1er août dernier, les visites s’organisaient autour de la confession des patients. Les aumôneries catholiques sollicitaient les hôpitaux de Lucerne, Sursee et Wolhusen pour obtenir la liste des personnes catholiques afin de se rendre à leur chevet. Depuis, les patients doivent explicitement accepter, via le formulaire d’inscription, que leur présence à l’hôpital puisse être transmise à leur communauté respective. Ce qui représente une baisse de 10 à 20% du nombre de personnes susceptibles d’être rejointes par les services d’aumônerie, explique l’Eglise catholique dans le canton de Lucerne le 30 octobre 2017.
La décision de l’hôpital s’inscrit dans une nouvelle règlementation de la protection des données. Et «l’appartenance religieuse est parmi les plus personnelles», explique Brigitte Amrein, employée des hôpitaux cantonaux, en charge des aumôneries.
Les agents pastoraux et prêtres lucernois concernés respectent cette décision, mais reconnaissent qu’elle complique leur travail. Le diacre lucernois Rolf Asal explique n’avoir «jamais eu de réaction négative» lors de ses visites. Selon lui, le fait de mentionner son appartenance religieuse inclut la disposition à accueillir un aumônier. «Mais si vous devez préciser explicitement que la paroisse peut être informée de votre présence, la réaction sera souvent: ‘non, ce n’est pas nécessaire'».
Sur le site de l’Eglise catholique dans le canton de Lucerne, Bernhard Koch, responsable de la paroisse de Littau, ajoute que les patients peuvent aussi oublier de cocher la demande en raison de leur état de santé. «Nous ne serons pas en mesure de rendre visite à ces personnes à l’avenir», regrette-t-il. C’est également toute une série de personnes distanciées qui deviennent innaccessible. «Ces rencontres ont permis d’établir des liens avec des personnes qui se situent aux périphéries de l’Eglise. Ces rencontres n’auraient pas été possible autrement».
Le nombre de visites a fortement diminué pour le P. Karl Abbt. 8 à 14 par semaine à l’hôpital de Kriens avant le 1e août, se souvient le prêtre. Une ou deux désormais. «Ce qui rend nos visites superflues».
Brigitte Amrein comprend la frustration des personnes en charge de la visite des malades. Elle rappelle cependant qu’une offre d’accompagnement spirituelle est aussi assurée par l’hôpital est que les visites des agents pastoraux ou des prêtres sont toujours proposées aux patients. Elle évoque également la courte durée moyenne des séjours: six jours. «Lorsque nous demandons aux patients s’ils veulent que leur paroisse soit informée de leur présence à l’hôpital, ils refusent généralement parce qu’ils sont en soin pour une courte durée». (cath.ch/lukath/pp)
Pierre Pistoletti
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