Souvent, en Europe, tout est réduit à une discussion de chiffres, a observé le pape. Il n’y a pas de citoyens, il y a des «suffrages», a-t-il regretté. Il n’y a pas de migrants mais des «quotas», pas de travailleurs mais des «indicateurs économiques».
La plus grande contribution que les chrétiens puissent alors offrir à l’Europe d’aujourd’hui est de lui rappeler qu’elle n’est pas un ensemble de chiffres sans âme.
Les chrétiens, a affirmé le pape, sont donc appelés à «redonner une âme à l’Europe» en réveillant sa conscience. Pour cela, ils doivent faire redécouvrir au Vieux Continent la valeur de son propre passé, a-t-il estimé, pour enrichir le présent et bâtir un avenir d’espérance.
Il faut pour cela prendre en compte le rôle positif et constructif de la religion dans la société. Le pontife a notamment évoqué la contribution du dialogue interreligieux pour favoriser la connaissance réciproque entre chrétiens et musulmans en Europe.
Malheureusement, un certain préjugé laïciste encore en vogue, a-t-il déploré, empêche de percevoir la valeur positive de la religion, préférant la reléguer à une sphère purement privée et sentimentale.
L’Europe vit en effet une sorte de déficit de mémoire, depuis qu’elle a dans les années 1960, rejeté les idéaux qui ont fait sa grandeur.
En niant ces idéaux, l’Europe a opéré une certaine «trahison», a estimé gravement le pontife. Le continent européen est alors entré dans une ère de «stérilité dramatique». En premier lieu parce que les enfants privés du droit de naître sont trop nombreux et parce qu’en Europe on fait peu d’enfants.
Cela s’explique aussi par le fait que les instruments matériels et culturels n’ont pas été transmis aux jeunes. Beaucoup d’entre eux se trouvent alors désemparés face à l’absence de racines et de perspectives. Il serait notamment opportun, a considéré le chef de l’Eglise catholique, que les nouvelles générations redécouvrent la valeur concrète du travail.
Il a également incité à redécouvrir le sens de la communauté, antidote contre les individualismes, caractéristiques d’une société déracinée. En cela, la famille — lieu où la diversité et l’unité sont exaltées — est fondamentale.
Avant cette rencontre, le pape François s’est entretenu avec Franz Timmermans, vice-président de la Commission européenne et Antonio Tajani, président du Parlement européen. (cath.ch/imedia/ah/rz)
Raphaël Zbinden
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