Cette lettre du Souverain pontife est une réponse à un courrier du cardinal Sarah, qui proposait sa propre grille de lecture du motu proprio. Lors de la publication de ce document magistériel le 9 septembre dernier, le commentaire joint était signé du secrétaire de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, Mgr Arthur Roche.
Publiée par la revue catholique française L’Homme nouveau le 14 octobre, l’interprétation du cardinal Sarah réaffirmait le caractère primordial du Saint-Siège dans le processus de traduction liturgique, conformément à l’instruction Liturgiam authenticam de 2001. Celle-ci insistait sur la nécessité de traductions plus proches du texte en latin.
Selon le pape, le processus de traduction comporte deux étapes bien distinctes. La première, appelée recognitio, consiste en la reconnaissance par Rome «d’adaptations légitimes» au plan local, et dont le Siège apostolique doit vérifier ensuite qu’elles préservent l’unité du rite romain. Ensuite vient la confirmatio du Siège apostolique, qui n’est pas une traduction alternative mais une ratification de la version approuvée par les évêques.
Sauf exceptions, cette confirmatio du Saint-Siège «ne suppose donc plus un examen mot à mot» du texte liturgique. Et ceci, insiste l’évêque de Rome, vaut en particulier pour les formules sacramentelles «approuvées par le Saint-Père». La confirmatio tient donc plutôt compte de «l’intégrité» globale du livre, c’est-à-dire que toutes les parties soient vraiment traduites.
Désormais, explique le pape, certains points de la précédente instruction Liturgiam authenticamdans sont caducs. Ainsi, il revient aux conférences épiscopales locales de «juger de la justesse et de la cohérence de l’un ou l’autre des termes» traduits. Cette compétence appartenait auparavant au dicastère présidé par le cardinal Sarah.
En revanche, il appartient aux conférences épiscopales de respecter une triple fidélité: au texte d’origine en latin, à la langue de traduction et «à la compréhension du texte par les destinataires».
En conclusion de sa lettre, le Souverain pontife demande au cardinal Sarah de la communiquer aux membres et consulteurs de son propre dicastère, ainsi qu’à toutes les conférences épiscopales. «Je vous demande courtoisement», poursuit le pape, de vous assurer de la publication de cette lettre sur les sites internet concernés. Lesquels avaient «attribué de manière erronée» le commentaire au cardinal Sarah, souligne le pontife. (cath.ch/imedia/xln/pp)
Pierre Pistoletti
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