Pour Justin Trudeau, il en va du respect des choix des individus. «On se doit de défendre les droits de tout le monde, même quand ça nous met mal à l’aise», a-t-il déclaré au lendemain de l’adoption du projet de loi.
S’il comprend le «malaise» que peut provoquer le port du voile intégral, le Premier ministre insiste sur la liberté, indique l’édition québécoise du Huffingtonpost. «Une société qui ne veut pas que les femmes soient forcées d’être voilées, peut-être devrait-elle se poser des questions sur ne pas forcer les femmes à ne pas porter le voile», a-t-il affirmé.
Le Premier ministre Justin Trudeau a néanmoins précisé, jeudi 19 octobre, que le gouvernement fédéral n’entendait pas contester le texte: «C’est aux citoyens de faire la contestation», a-t-il estimé.
De son côté, le Conseil national des musulmans canadiens (CNMC) a qualifié de «discriminatoire» le texte adopté le 18 octobre, selon la radio québécoise Radio VM. «La décision prise aujourd’hui par l’Assemblée nationale du Québec, à l’approche de la prochaine campagne électorale provinciale, se résume à une politique identitaire déplorable, a affirmé Ihsaan Gardee, directeur général du CNMC. En déposant cette loi discriminatoire, le gouvernement du Québec met en place un programme politique dangereux sur le dos des minorités, tout en courtisant le populisme discriminatoire plutôt que de pratiquer de bons principes de gouvernance».
«l’Arabie saoudite a enfin permis aux femmes d’obtenir un permis de conduire alors qu’ici, l’autobus leur est maintenant interdit.»
La majorité libérale de l’Assemblée nationale, emmenée par le Premier ministre québécois Philippe Couillard, a fait pencher le vote sur cette loi qui suscite la polémique depuis sa présentation en 2015. La «loi sur la neutralité religieuse de l’Etat» interdit désormais le port du voile intégral – comme le niqab ou la burqa – aux fonctionnaires qui travaillent avec le public et aux citoyens qui reçoivent des services gouvernementaux, autant dans les transports en commun que dans les hôpitaux. Le tchador reste à lui autorisé, puisqu’il permet de voir le visage de celles qui le portent.
La mise en pratique concrète de cette interdiction inquiète le maire de Montréal, Denis Coderre, qui demande qu’on lui «explique comment l’appliquer».
Elle inquiète également les femmes musulmanes concernées, dont certaines ont interpellé les médias. C’est le cas de Warda Naili, québécoise et musulmane. Dans une tribune publiée sur le site du Huffington Post Québec, elle s’interroge: «Moi qui n’ai pas de permis de conduire et qui dois me déplacer avec les transports en commun, comment je pourrai faire dorénavant pour me rendre du point A au point B si je n’ai pas les moyens de m’offrir un taxi? Et je me demande, quels autres services seront affectés? (…) Ça me fait réagir, écrit-elle encore, car (…) l’Arabie saoudite a enfin permis aux femmes d’obtenir un permis de conduire alors qu’ici, dans l’une des plus grandes démocraties, l’autobus leur est maintenant interdit.» (cath.ch/radiovm/huffingtonpost/lacroix/courrierinternational/lapresse/pp)
Pierre Pistoletti
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/quebec-loi-interdisant-voile-integral-suscite-de-nombreuses-critiques/