Ukraine: Une statue du nationaliste Simon Petlioura indigne Israël

L’érection dans la ville ukrainienne de  Vinnitsa, au sud-ouest de Kiev, d’une statue du nationaliste Simon Petlioura, accusé de la mort de 50’000 juifs dans les pogroms des années 1920, est vivement contestée en Israël.

Petlioura fut commandant suprême de l’armée et troisième président de la République nationale ukrainienne (UNR) durant la lutte pour l’indépendance de l’Ukraine. D’après le journal en ligne The Times of Israel, basé à Jérusalem, la statue de Petlioura a été dévoilée le 14 octobre 2017 dans un quartier de la ville autrefois connu sous le nom de Yerusalimka (Jérusalem), à tout juste 200 m d’une petite synagogue aujourd’hui encore en activité. (*)

Des pogroms dans 524 villes ukrainiennes

Vinnitsa compte déjà une rue portant le nom de Simon Petlioura. Selon The Times of Israel,   les soldats de la République nationale ukrainienne de Petlioura ont été responsables de 493 des 1’236 pogroms et incidents violents contre les juifs dans 524 villes ukrainiennes à l’époque de la Révolution russe, de 1918 à 1921.

Selon le site israélien, la responsabilité de Petlioura dans ces massacres n’est pas clairement établie. Les apologistes de Petlioura prétendent qu’il était personnellement opposé aux pogroms, mais qu’il avait perdu le contrôle de ses forces armées qui se livraient au meurtre de juifs.

Les partisans de Petlioura minimisent sa responsabilité

L’an dernier, l’Ukraine a observé une minute de silence pour le 90e anniversaire de l’assassinat de Petlioura à Paris, où il s’était établi le 25 mai 1926. Il a été abattu en pleine rue par Samuel Schwartzbard, un juif né en Bessarabie, qui avait perdu 15 membres de sa famille dans les pogroms anti-juifs. Lors du procès de l’assassin en France, le tribunal l’avait acquitté, estimant  que Petlioura avait été impliqué ou avait au moins connaissance des massacres commis par les membres de sa milice.

Alors que les partisans de Petlioura minimisent sa responsabilité, les avocats de Samuel Schwartzbard et certains historiens tiennent Petlioura pour directement responsable en tant que chef du gouvernement de l’époque. Il n’aurait rien fait pour empêcher les pogroms, car il voulait éviter de se disputer avec ses forces armées.

Stepan Bandera et Roman Choukhevytch, «Héros d’Ukraine»

Le monument a été dévoilé alors que des centaines de radicaux ukrainiens d’extrême-droite organisaient une marche aux flambeaux dans le centre de Kiev samedi 14 octobre 2017. Ils célébraient le 75e anniversaire de la création de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), un groupe paramilitaire nationaliste qui avait activement collaboré avec les nazis.

Depuis l’effondrement de l’Union soviétique, les autorités ukrainiennes font l’objet de vives critiques pour avoir glorifié des personnalités nationalistes controversées, y compris celles qui se sont ouvertement rangées du côté des nazis.

En 2000, elles avaient décerné les titres de «Héros d’Ukraine», à titre posthume, à Stepan Bandera et Roman Choukhevytch, collaborateurs des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale et impliqués dans des massacres de juifs et de Polonais en Volhynie et en Galicie orientale.  L’attribution de cette haute distinction avait été ensuite annulée sous la pression du Parlement européen et d’organisations russes, polonaises et juives. Mais Bandera et Roman Choukhevytch ont toujours des monuments et des rues qui portent leur nom dans toute l’Ukraine.  (cath.ch/com/be)

(*) C’est justement dans cette ville que quelque 28’000 juifs avaient été assassinés en 1941-1942 par les Einsatzgruppen (escadrons de la mort allemands) souvent aidés de milices locales ukrainiennes.

 

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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