Depuis 1950, les anciens «intouchables» sont censés jouir des mêmes droits que les personnes de plus haut statut. Dans la réalité, ce système hiérarchique profondément discriminatoire, inspiré de l’hindouisme, est encore une réalité très présente.
Cette ségrégation sociale et religieuse prend sa source dans l’antique système basé sur les textes sacrés hindous remontant à 100 après Jésus-Christ, souligne Mgr Thomas Menamparampil. Les parias ou dalits (faussement dénommés intouchables, la signification correcte étant opprimés, ndlr) sont les hors castes, qui forment une sorte de cinquième caste au sein du système social et religieux hindouiste, laquelle comprend également les populations tribales.
«Les moyens de communication ont récemment indiqué qu’un dalit de 21 ans avait été frappé à mort probablement par un groupe d’homme appartenant à une caste supérieure dans le district d’Anand, au Gujarat.
Selon les médias, il a été tué seulement pour des motifs liés à la caste», explique Mgr Menamparampil. D’autres graves incidents ont eu lieu ces dernières semaines, signalant un niveau croissant des violences à l’encontre des dalits. En juillet 2016, quatre dalits ont été ligotés à une voiture et fouettés pour avoir soi-disant provoqué la mort d’une vache, alors qu’ils en enlevaient seulement la carcasse.
«Au cours des élections de la Lok Sabha, la chambre basse du Parlement indien en 2014, le Premier Ministre Narendra Modi avait évoqué le modèle de développement de l’Etat du Guajarat comme un idéal. Les atrocités commises contre les dalits dans cet Etat confirment que quelque chose est fondamentalement erroné dans le modèle social en question. Le gouvernement du Gujarat n’a pas réussi à bloquer la discrimination envers les dalits et les attaques contre les innocents se poursuivent», déplore Mgr Menamparampil.
De récentes études et enquêtes mettent en évidence une discrimination diffuse vis-à-vis des dalits, en particulier dans les districts ruraux. L’organisation Dalit Sangathan Gujarat, qui en défend les droits, parle «d’attitude léthargique du gouvernement du Gujarat», qui fait douter de la volonté d’applique la justice quand il s’agit d’agressions contre les dalits.
Le 3 octobre dernier, le quotidien indien Times of India mentionnait les chiffres des délits commis à l’encontre des dalits. «Les cas d’atrocités contre les hors castes ont augmenté de manière drastique, passant de 26’127 en 2005 à 45’003 en 2015. Les analystes affirment qu’après l’accession au pouvoir du Baratiya Janata Party (BJP) au niveau fédéral, les agressions visant les dalits ont augmenté.
Selon l’archevêque émérite, «le BJP a adopté différentes stratégies pour capturer les voix des dalits, mais, d’autre part les organisations extrémistes hindoues qui appuient ce parti, telles que le Sangh Parivar et le Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), n’ont pas changé de mentalité.
Des groupes tels que le Sangh Parivar veulent maintenir les dalits et les populations tribales dans une position inférieure sans leur accorder la parité de dignité, de droits et de libertés, explique le Père franciscain indien Suresh Mathew. Il ajoute que tant que restera aux affaires un gouvernement influencé et guidé par l’idéologie de l’hindouité (le concept d’Hindutva, ndlr), les discriminations et les violences à l’encontre des dalits ne vont qu’augmenter. (caht.ch/fides/be)
Jacques Berset
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