Ces martyrs, a en effet expliqué le prélat le 13 octobre à la presse, sont de toutes les catégories: laïcs et prêtres, hommes et femmes, jeunes et vieux. «Ces familles ont donné leur témoignage pour la foi», a-t-il poursuivi, et peuvent ainsi encourager à toujours aller de l’avant. En particulier au Brésil dans la situation économique et politique actuellement difficile.
Le peuple est bien conscient de la valeur de ce témoignage, a poursuivi Mgr Vieira Rocha: c’est lui qui a perpétué le souvenir de leur martyre pendant trois siècles, notamment par des pèlerinages sur les lieux où ils ont trouvé la mort. Et ce, sans intervention de la structure ecclésiale. C’est la force de cette mémoire populaire qui a permis la béatification de ces martyrs en 2000 par Jean Paul II, et désormais leur canonisation.
En même temps que les 30 martyrs du Brésil, le pape François canonisera trois jeunes martyrs mexicains, morts entre 1627 et 1629 pour leur foi. Ainsi que deux européens: le capucin italien Ange d’Acri et le prêtre espagnol Faustino de l’Incarnation.
Parmi les 35 nouveaux saints, on trouve un Français, Joao – Jean – Lostau Navarro, dont on sait peu de choses, si ce n’est qu’il subit la même persécution de la part des calvinistes hollandais que les catholiques du Rio Grande.
Jean Lostau Navarro est en quelque sorte un Français d’adoption. Car il est né au royaume de Navarre. A l’époque, ce territoire est de fait annexé à la France, du fait de l’accession au trône d’Henri III de Navarre, devenu Henri IV de France.
Selon un rapport officiel, confirmé par des jésuites, Joao Lostau habite dans l’Etat brésilien du Rio Grande, sur une plage, dans une maison fortifiée où il vit de la pêche. Il a de bons rapports avec les Hollandais, qui à l’époque dominent la région, mais cela ne lui évite pas la prison et la mort violente.
L’évangélisation du Rio Grande, au Nord-Est du Brésil, avait commencé en 1597, par la catéchèse des Indiens et la formation des premières communautés chrétiennes, pris en charge par des missionnaires jésuites et des prêtres diocésains, originaires du Portugal. Puis viennent des Hollandais et des Français, avec la ferme intention de déloger les Portugais.
En 1630, les Hollandais s’imposent dans la région. De confession calviniste et accompagnés de leurs pasteurs, ils provoquent dans la zone, jusqu’alors pacifique, de nombreux conflits, et restreignent la liberté de culte pour les catholiques. A partir de ce moment, ces derniers sont persécutés.
Le Père André de Soveral, curé de Cunhaú, est brésilien. Le dimanche 16 juillet 1645, il célèbre la messe dans la chapelle locale. Juste après la consécration, une troupe de soldats hollandais avec des Indiens à leur suite, tous armés, font irruption dans le lieu sacré, en barricadent les portes et attaquent les fidèles sans défense. Tous – plus de 60 – sont massacrés à coup d’épée, sauf cinq Portugais qui sont pris en otage. On ne connaît que le nom du curé et d’un laïc, Domingo Carvahlo.
Trois mois plus tard, le 3 octobre 1645, a lieu le second massacre, à Uruaçu. Pris de terreur par ce qui est arrivé à Cunhaú, les catholiques cherchent à se mettre à l’abri. Faits prisonniers, avec leur curé, le Père Ambrosio Francisco Ferro, ils sont transférés près d’Uruaçu, où les attendent les soldats hollandais et environ 200 Indiens convertis au protestantisme calviniste.
Au moment où on l’exécute, l’un d’eux, Mateus Moreira, proclame sa foi dans l’eucharistie: «Loué soit le Très Saint-Sacrement !», s’écrie-t-il. Les fidèles et leur curé sont martyrisés et meurent des suites de mutilations. (cath.ch/imedia/ap/be)
Jacques Berset
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