Les fidèles catholiques tessinois, tous les habitants du Tessin, les touristes et les amateurs de l’histoire et de la culture du Sud des Alpes sont invités à découvrir la cathédrale restaurée.
La cathédrale actuelle est citée depuis le IXème siècle et a subi de continuels embellissements et transformations pendant les siècles suivants. La phase romane a permis d’établir le plan basilical du bâtiment sacré et laissé d’importantes traces au niveau des décorations et des peintures jusqu’au XIV-XVème siècle.
Ensuite, une nouvelle campagne de travaux (1500-1580) a donné à l’église son imposante façade de style Renaissance et un précieux tabernacle en marbre des frères Tommaso et Giacomo Rodari, de Maroggia, tous deux en marbre de Saltrio. Des nouvelles transformations ont ensuite eu lieu entre la fin du XVIème siècle et le XVIIIème. Pendant ces deux siècles, l’oratoire du Très-Saint-Sacrement a été construit par la confrérie du même nom. L’ouverture des chapelles latérales est due aux grandes familles du bourg.
Parmi ces chapelles, celle dédiée à Notre-Dame des Grâces, patronne de Lugano depuis les temps calamiteux de la peste, a été reconstruite avec faste dans les années 1770 par les autorités de la ville. Le XIXème siècle fut un temps de décadence, jusqu’à l’élévation de cette collégiale au rang de cathédrale, en 1888, quand le Tessin devint une administration apostolique (puis, en 1971, un vrai diocèse).
Entre 1905 et 1910, d’imposants travaux de restauration ont donné une nouvelle uniformité au décor intérieur, grâce à l’audace des architectes Guidini et Maraini, et des peintres Rusca et Bertezzaghi.
Après un autre siècle de vie religieuse et culturelle, pendant lequel la cathédrale est devenue un des haut-lieux de la vie du canton et du diocèse, une longue et délicate campagne de restauration – entre 2000 et 2004 et entre 2010 et aujourd’hui – a permis de retrouver un édifice sacré digne de son importance.
Pendant les dernières années, on a pu retrouver et conserver les décors et l’architecture légués par le passé, tout en renouvelant l’apparat technique et surtout liturgique, pour adapter le chœur aux directives du Concile Vatican II, avec un nouvel autel, un siège épiscopal et un ambon en marbre de Saltrio.
Cette dernière phase de travaux, fortement voulue par Mgr Pier Giacomo Grampa, à l’époque évêque de Lugano, a été dirigée par l’architecte Franco Pessina, et a vu la participation de plus de 100 entreprises spécialisées, quasiment toutes liées au territoire tessinois.
Au-delà des restaurations et du nettoyage des décors (avec de nouvelles découvertes de peintures du XIIème siècle), les défis n’ont pas manqué. Il suffirait de penser aux travaux délicats de mise en sécurité de quelques chapelles, pour lesquelles on a dû reconstruire littéralement des sous-structures nouvelles, capables de recueillir l’eau et l’humidité. De même l’oratoire du Saint-Sacrement a eu besoin d’une intervention radicale, et aujourd’hui il pourra être utilisé comme «église fériale» (endroit où l’on célèbre la messe pendant la semaine, ndlr).
Le réaménagement du chœur a permis de réorganiser plusieurs éléments qui, comme le frontal d’orgue du XVIème siècle, seront exposés dans le nouveau musée. Le changement le plus visible est l’illumination intérieure, qui certainement va donner une impression complètement nouvelle de la cathédrale, de ses arcs et voûtes, en la transformant en une «petite Alhambra tessinoise». Enfin, il ne faut pas oublier la restauration de l’orgue construit en 1910 par la fameuse maison Mascioni.
La réouverture de la cathédrale prévoit trois moments forts, pour souligner l’importance d’un moment tant attendu. Le vendredi 13 octobre, la parole est donnée avant tout aux autorités, aux bienfaiteurs et aux travailleurs et entreprises qui ont contribué pendant des années à cet immense chantier, avec une cérémonie d’inauguration à laquelle participent Mgr Valerio Lazzeri, et des représentants des autorités cantonales et communales.
Pour le côté artistique, c’est la cheffe de l’Office des Biens culturels de l’Etat, Simonetta Biaggio Simona, ainsi que les architectes Franco Pessina et Stefano Alberio qui présenteront les travaux. Samedi la place sera cédée à la population et en particulier aux fidèles du diocèse, appelés à participer à une eucharistie solennelle, avec rite de la dédicace du nouvel autel, et la remise en place des reliques des patrons du diocèse (Saint Charles Borromée, Saint Ambroise de Milan, Saint Abbondio de Côme et les Bienheureux Pietro Berno et Nicolò Rusca). La cérémonie sera retransmise par la télévision de la Suisse italienne (RSI, samedi 14 octobre, 9h00-12h00). Enfin dimanche 15, après une matinée de visites guidées, à 17h00 un grand concert de musique baroque va clôturer le weekend avec les Vêpres de Saint Laurent de Claudio Monteverdi, interprétées par les Solisti et le Chœur de la RSI, I Barocchisti, l’ensemble More Antiquo, et le Concerto Palatino, dirigés par Diego Fasolis. (cath.ch/cg/be)
Jacques Berset
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