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Après Evry, des dizaines de projets en cours (110594)
A situation nouvelle, besoins nouveaux
Paris, 11mai(APIC) On connaîtra fin juin le nom de l’architecte qui construira la future église de La Défense, à Paris. La maquette sera présentée
en septembre. Après l’édification de la cathédrale d’Evry, la construction d’églises en France semble prendre un nouvel essor: Roubaix, Compiègne, Dijon, Concarneau, la Seine-et-Marne, l’Ile-de-France et Paris en sont
les heureux bénéficiaires.
A quoi attribuer ce phénomène? On pourrait penser qu’il existe suffisamment d’églises, compte tenu de la baisse de la pratique religieuse, rappelée avec constance par les médias.
Oeuvre rare autant qu’exaltante, construire une église est une idée qui
plaît aux architectes. Ils ont du reste été 188 à déposer un dossier pour
le concours de la future église de La Défense, Notre-Dame de Pentecôte. Le
jury réuni par les Chantiers du cardinal en a retenu 8. Les architectes
ont deux mois pour concevoir leur projet.
La future église de La Défense disposera d’une petite surface: 400m2 au
sol. «Mais cette modestie, écrit Mgr François Favreau, évêque de Nanterre,
dans sa présentation du projet, n’enlève rien à notre ambition: réaliser
une oeuvre d’art sacré qui parle par sa beauté, alimenter la foi des croyants, porter ce monde moderne dans la prière, vivre des rencontres avec des
gens de passage».
L’aspect convivial de l’édifice fait partie des priorités: Mgr Favreau
parle d’une «maison d’Eglise». Il ne s’agit ni «de créer une paroisse, ni
de faire seulement un lieu de culte. Le coeur de Notre-Dame de Pentecôte
sera cette église (…), mais nous avons mis au programme de la construction la réalisation d’un espace qui devra permettre accueil et rencontres».
Trois niveaux pour une enveloppe de 15 millions
Le projet prévoit un édifice sur trois niveaux, avec ascenseur: de
plain-pied avec le parvis, l’église, avec 250 places et 75 en tribune. Pour
y accéder, un hall vitré qui ouvrira sur des salles d’exposition, avec
librairie et lieux de rencontre; en sous-sol, deux salles (150 et 40
places), cuisine et salle à manger: au premier étage, des bureaux et un
studio. L’ensemble représentant une surface de 1’000 m2. L’enveloppe prévue
est de 15 millions de ff (3,75 millions de fs environ). Les Chantiers du
cardinal ont d’ores et déjà ouvert une souscription.
Pourquoi ce renouveau dans la construction d’églises en France? Les villes de Roubaix et Tourcoing, dans le diocèse de Lille, ont de superbes et
majestueuses églises. Les chrétiens devraient donc se sentir suffisamment
pourvus en équipement religieux. Or là, comme à Paris, les études sociologiques menées dès la fin du siècle dernier montrent qu’au-delà d’une certaine distance, la fréquentation des églises tend à baisser.
Le cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris, a bien compris la
nécessité d’être vigilant, en encourageant l’édification d’une nouvelle
église dans le 15e arrondissement et quelques autres moins importantes dans
la capitale. C’est également valable pour les villes nouvelles ou les banlieues décentrées par rapport à l’ancienne église paroissiale.
L’air du temps…
Un autre élément joue sans doute aussi en faveur de cette évolution: les
édiles et les habitants, chrétiens ou non, d’un nouveau quartier ou ville
nouvelle paraissent souhaiter la présence d’un bâtiment à caractère sacré.
Cela fut décisif à Evry. Et c’est aussi ce que préconisaient déjà en 1965
de grands aménageurs comme Paul Delouvrier et Luc Arsène-Henry lors d’un
colloque sur l’implantation des lieux de culte, qui se tenait à l’UNESCO.
Les années passant, les demandes se sont affinées. Terminées les salles
polyvalentes: les chrétiens veulent maintenant une église bien bâtie et
bien équipée. Les collectivités locales les y encouragent d’autant plus
qu’elles espèrent ainsi voir pousser un édifice à forte identité, véritable
réalisation architecturale.
Mais quel typte de bâtiment et pour quelle type de liturgie? Une grande
église (monumentale) susceptible d’accueillir des rassemblements diocésains
de plus de 1’000 personnes? Il arrive de réunir tous les chrétiens d’un
doyenné pour des confirmations ou d’autres cérémonies. Les grands rassemblements, religieux ou non, sont dans l’air du temps. Cet aspect pastoral
est donc important, souligne-t-on.
Pour le Comité national d’Art sacré, avant d’être une oeuvre d’art,
l’église est d’abord un lieu de vie, le lieu où la communauté chrétienne se
rassemble pour célébrer les mystères de la foi et du culte, l’eucharistie,
la prière et les sacrements. Son aménagement intérieur, son climat spécifique, son décor, sa forme extérieure sont intrinsèquement liés à la liturgie.
Le travail des Chantiers du cardinal
Créés en 1931 par le cardinal Verdier, alors archevêque de Paris, les
Chantiers du cardinal assurent aujourd’hui l’entretien des 280 églises
construites après 1905 dans les diocèses de Nanterre, Créteil, Saint-Denis
et Paris. Ils sont présidés par Mgr Favreau. Secrétaire général des Chantiers, le Père Jean Thizon explique: «Avant et après la guerre, beaucoup
d’églises ont été construites, mais peu avec des annexes. Si bien que certains endroits n’ont pas d’espace pour faire la catéchèse, réunir les mouvements. Nous avons donc créé ces lieux. Il est ensuite apparu nécessaire
de construire en trois endroits où la population est en train de croître: à
Noisy-le-Grand, le nouveau centre comprend 25’000 logements en bordure de
Marne-la-Vallée; à Créteil, le quartier de la Source est en plein développement; à La Défense, 100’000 personnes viennent travailler tous les
jours… et il n’y a pas d’église».
Construire…. mais avec quel moyens? Il y a premièrement la quête et
les dons, commente le secrétaire général. «Tous les dons qui nous arrivent
sont affectés à la paroisse d’origine. Ceci représente environ 17 millions
de francs annuellement (4,25 millions de fs). Ensuite, nous recevons des
legs: au bilan de l’année dernière, ceux-ci devraient se monter à 2,5 millions. Quant aux diocèses, ils participent plus ou moins fortement financièrement aux constructions pour lesquelles nous n’empruntons jamais».
La dernière réalisation parisienne concerne l’aménagement de la chapelle
Sainte-Colette, dans le XIXe arrondissement. Des recherches sont actuellement menées du côté de la ZAC Allerey, dans le XVe, et près de la Très
Grande Bibliothèque. «Ce sont les évêchés qui repèrent les besoins et nous
traitons les affaires, relève le Père Thizon. Les Chantiers envisagent par
ailleurs des rénovations du côté de Boulogne-Billancourt (après le départ
de Renault), ainsi que dans la Plaine Saint-Denis et près de Roissy.
Le coût moyen d’une église? «Il est difficile de donner un coût moyen. A
titre d’exemple, conclut le secrétaire général, Noisy-le-Grand va coûter
autour de 13 millions; La Défense 25 millions et Saint-Pierre-du-Lac à Créteil quelque 15 millions, car les salles utilisées par l’évêché ont été intégrées au projet». (apic/snop/pr)
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