Arslan Masih était le seul chrétien de sa classe, dans le village de Jabhran, près de la ville de Sheikhupura, rapporte l’agence d’information catholique Asia News. Il subissait les pressions de ses camarades pour se convertir à l’islam. Arslan avait toujours refusé, affirmant haut et fort qu’il désirait rester chrétien. Selon le témoignage de sa mère, les propositions continuelles de conversion avaient mené à des disputes avec les autres étudiants. Ces derniers auraient ainsi conspiré avec la police pour assassiner le jeune chrétien. D’après le site d’information Pakistan Christian Post, Arslan aurait eu en particulier une altercation avec les fils d’un policier fréquentant la même école. Un autre policier aurait accusé le jeune chrétien d’avoir eu des relations homosexuelles avec un de ses fils. Quelques jours plus tard, six agents ont débarqué dans l’établissement et ont frappé le jeune chrétien avec des bâtons.
Selon Asia News, ils l’ont ensuite emmené dans un hôpital, où les médecins ont constaté sa mort. Les policiers ont repris son corps pour le jeter devant l’école. Des proches ont ramené le corps du jeune chrétien à la maison.
Depuis le meurtre, la famille d’Arslan et la communauté chrétienne locale organisent des manifestations et demandent justice.
Samson Salamat, président de l’association de défense des chrétiens Rawadari Tehreek, souligne qu’il ne s’agit pas de la première exécution extra-judiciaire perpétrée par la police du Pendjab. De tels crimes auraient lieu chaque année. Pour le militant, la seule façon de faire cesser ces agissements serait de poursuivre les coupables en justice. Il déplore le fait que des membres de la communauté chrétienne acceptent souvent des compensations financières des autorités plutôt que d’exiger la justice.
Pour Mechelle Chaudhry, président de l’ONG pakistanaise de défense de droits humains Cecil & Iris Chaudhry Foundation, «n’importe qui peut agir comme un procureur, un juge et un bourreau, quand il s’agit des minorités religieuses».
Ata-ur-Rehman Saman, coordinateur à la commission Justice et Paix des évêques catholiques du Pakistan, relève que les étudiants chrétiens du Pendjab font face à beaucoup d’hostilité au sein des institutions. Il note que dans certaines régions rurales, les étudiants chrétiens ne sont pas autorisés à boire de l’eau dans les mêmes verres que les musulmans. Les pressions à la conversion sur les étudiants chrétiens ne sont pas un phénomène nouveau au Pendjab, mais selon Ata-ur-Rehman, la situation dans ce domaine se détériore actuellement et l’impunité des coupables demeure la règle.
Le 30 août dernier, un jeune chrétien pakistanais a été tué par ses camarades de classe musulmans. (cath.ch/rz)
Raphaël Zbinden
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