Le pape François a reçu en audience au Vatican le clergé de Lyon avec à sa tête le cardinal Philippe Barbarin. Pour la session de rentrée des prêtres du diocèse de Lyon, à Rome du 2 au 5 octobre, une audience informelle avait été prévue de longue date avec le pape François. Pendant près d’1h20, ce dernier a répondu à une série de questions, dont la plupart portaient sur Amoris laetitia.
Selon Mgr Emmanuel Gobilliard, évêque auxiliaire de Lyon, le pape a de nouveau insisté sur la nécessité de l’accueil des personnes, de l’accompagnement, de la proximité. Sans pour autant tomber dans le «relativisme» ou la «permissivité» quant aux sacrements.
«Revenez à l’Evangile, à Jésus», a-t-il conseillé aux quelque 80 prêtres présents. La théologie et la morale ne doivent pas être premières, car elles ont leur source dans l’Evangile. «C’est la charité qui doit être première», avec pour finalité la croissance des personnes.
Il s’agit donc pour lui de ne pas enfermer dans des «adjectifs» – mariés, divorcés, remariés – mais d’accueillir chacun comme une personne, a rapporté Mgr Gobilliard.
Le discernement des situations est donc nécessaire, même s’il est compliqué, a reconnu le pape. Mais celui-ci ne consiste pas en une casuistique du oui ou non, du permis-défendu. En amont de la rencontre, le cardinal archevêque de Lyon avait affirmé à I.MEDIA que «pastoralement, c’est difficile, car on entend dire tout et son contraire» sur l’interprétation d’Amoris laetitia.
Le problème est aussi, selon le pontife, que la «grande théologie» de saint Thomas d’Aquin a été dévoyée en une «scholastique décadente», a-t-il affirmé. Le pape François a aussi insisté sur la nécessité d’une bonne préparation au mariage, qui ne consiste pas uniquement en trois rencontres.
L’évêque de Rome a en outre répondu à une question sur le célibat des prêtres [dans la tradition latine], affirmant que celui-ci est un «don à l’Eglise et pour l’Eglise». «Je ne vois pas pourquoi ça changerait pour le moment», a-t-il ajouté.
A l’issue de la rencontre, qui s’est conclue par un temps de prière et un chant autour du pape, les participants se sont rendus dans les jardins du Vatican et ont retrouvé le prédécesseur du pape François, Benoît XVI.
Celui-ci est venu en petite voiture électrique, visiblement fatigué, mais l’esprit alerte. Benoît XVI a notamment rappelé la figure de saint Irénée, soulignant que «l’Eglise lui doit beaucoup», a noté Mgr Gobilliard. Le clergé de Lyon et le pape émérite ont ensuite récité une dizaine de chapelet ensemble.
Selon le prélat lyonnais, les questions politiques n’ont pas été évoquées avec le pape François, soulignant la «gratuité» de la rencontre. Même si celles-ci étaient présentes en arrière-plan, en particulier les affaires de pédophilie. «Nous avons honte», a déclaré le prélat, et c’est pourquoi ce temps de communion et de fraternité entre prêtres du diocèse, à Rome, était important.
Enfin, le pape a eu un mot sur l’attentat de Marseille revendiqué par le groupe Etat islamique, où deux jeunes femmes ont été poignardées le 1er octobre. «Je prie pour Laura et Maurane et bénis leurs familles», a-t-il confié. (cath.ch/imedia/ap/be)
Jacques Berset
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