Intervenant le 19 septembre 2017 devant l’Assemblée générale des Nations Unies, qui siège du 19 au 25 septembre dans la métropole américaine, il a rappelé que l’Egypte a lancé une initiative «pour rectifier le discours religieux de l’islam, afin de mettre en avant ses valeurs de modération et de tolérance».
Critiquant les politiques de «deux poids, deux mesures» de certaines politiques étrangères, Al-Sisi a expliqué qu’on ne pouvait pas combattre le terrorisme tout en tolérant ses partisans et en les conviant aux discussions visant à régler une situation qu’ils ont eux-mêmes créée. Il a appelé les membres des différentes alliances internationales à apporter des réponses à ces questions, avant d’appeler le monde musulman à travailler ensemble pour corriger «les notions mal interprétées qui sont devenues des prétextes idéologiques pour le terrorisme».
Face aux actions meurtrières des djihadistes d’Ansar Beït Al-Maqdis, groupe qui a prêté allégeance à Daech et qui est basé dans le nord du Sinaï, le président égyptien a estimé que les moyens militaires étaient insuffisants. Ces attaques terroristes ont déjà fait, depuis quatre ans, plusieurs centaines de morts dans les rangs des forces armées et de la police et ont également visé les chrétiens coptes à plusieurs reprises.
Il s’agit de promouvoir une compréhension correcte de l’islam et de le débarrasser des idées fausses et des idéologies, a-t-il également déclaré le 20 septembre 2017 dans une interview avec la télévision américaine Fox News.
Pour combattre les idéologies extrémistes et les organisations terroristes à travers le monde, a-t-il souligné, une stratégie globale est nécessaire. «La communauté internationale ne doit pas se confiner à la confrontation militaire et aux mesures sécuritaires, mais avoir une stratégie global incluant d’autres aspects: des aspects économiques, sociaux et culturels».
Les observateurs remarquent que malgré les remontrances du président Abdel Fattah al-Sissi, Al-Azhar, la référence pour l’islam sunnite dans la monde, continue à diffuser des publications et des enseignements bien éloignés de l’islam modéré que l’institution prétend répandre. Pourtant le grand imam d’Al-Azhar Ahmed Al-Tayeb répète que le terrorisme n’est pas un produit dérivé de la religion islamique.
Dans une déclaration télévisée, le 13 janvier 2017, Ahmed Al-Tayyeb avait qualifié d’anachronique le statut de «protection» (dhimma) des minorités religieuses dans les Etats majoritairement musulmans, ainsi que l’imposition de la jizya, taxe spéciale qui était imposée aux «gens du Livre».
Dans le but de contrer l’extrémisme islamique qui se développe en Egypte, Al-Azhar a préparé cet été un projet de loi visant à pénaliser «l’incitation à la haine sous couvert religieux». Il s’agit, pour la plus haute instance de l’islam sunnite, de contrôler le discours religieux pour éviter de nouveaux conflits interconfessionnels. Le projet de loi avait été approuvé au préalable par les grands oulémas. Le président Al-Sissi a depuis longtemps exigé le renouvellement du discours religieux dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Suite à cette injonction présidentielle, le cheikh Ahmed Al-Tayyeb avait décidé, en mai dernier, de former un comité pour préparer ce projet de loi destiné au Parlement égyptien. (cath.ch/be)
Jacques Berset
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