«J’ai besoin de six personnes pour porter les bougies durant les intentions de prière». Un ange passe. «Pas tous en même temps!» Trois hommes et trois femmes se décident finalement à répondre à l’appel de l’abbé Jean-Marie Nusbaume, quelques minutes avant la messe. Le recteur du sanctuaire règle les derniers détails pendant que la chapelle se remplit petit à petit, ce mardi soir 12 septembre. Accrochée au sommet d’un promontoire rocheux qui domine la Birse à la sortie de la vallée de Delémont, le sanctuaire attire depuis 1869 de nombreux fidèles durant les jours de septembre, lorsque l’été fait place à l’automne. A l’origine de la démarche: le couronnement de la Vierge du sanctuaire. Un acte liturgique promu par une bulle du pape Pie IX, en plein Kulturkampf.
La «semaine du Vorbourg» ne se résume pas à cette célébration vespérale. Elle s’articule autour d’un programme relativement intense qui démarre aux aurores. Les fidèles les plus courageux sont conviés chaque jour de la semaine à la messe de 5h30, suivie d’une petit-déjeuner concocté par la Congrégation des Dames de Delémont.
Une deuxième messe à 7h, puis une troisième à 9h30, sont proposées aux fidèles, toujours plus nombreux à mesure que l’heure avance. Entre deux: adoration et confession ainsi que la prière des laudes. Tous les ingrédients d’une véritable retraite. L’animation de la messe du soir, quant à elle, est confiée à une paroisse différente, de Montfaucon à Grandfontaine, en passant par Mervelier.
Curé de Delémont, l’abbé Jean-Marie Nusbaume est la cheville ouvrière de cette semaine. C’est lui qui invite le prédicateur et assure le bon déroulement de l’organisation. Cette année, Mgr Claude Schockert, évêque émérite du diocèse voisin de Belfort-Montbéliard se charge de la prédication autour du thème «Temple de Dieu, réjouis-toi!». «C’est une très belle démarche, confie-t-il. On sent les gens unis, heureux de participer ensemble aux différentes propositions de cette semaine».
C’est le cas de Martial Broquet. Au pied des marches qui conduisent à l’église, il fait les cent pas, accueillant avec le sourire les pèlerins qui participent à la messe de 19h30. On le dirait gardien du sanctuaire. «Pas du tout, je suis un simple pèlerin, attaché à la ‘Semaine du Vorbourg’. J’y viens pas tous les jours, mais de temps en temps, quand j’ai envie de dire bonjour à Marie, explique-t-il, avec un bon accent jurassien. Quand j’étais encore écolier à Mervelier, on venait avec maman le mercredi après-midi, pour la bénédiction des enfants. On prenait le bus postal jusqu’à Delémont puis on montait à pied». Le programme de la semaine est toujours un peu le même. «Sauf que lorsque nous étions petits, il y avait une grande table le matin recouverte de cornets à la crème».
Les pâtisseries ont laissé la place à un petit encas plus frugal. A part cela, les choses n’ont pas trop changé. La «Semaine du Vorbourg» résiste au temps. Elle fait peut-être même plus que cela. A l’heure où la logique de «quadrillage» s’essouffle, le modèle, du moins dans sa forme, offre une alternative pastorale intéressante. Un lieu source rassembleur duquel découle une mission ponctuelle ici et là dans le diocèse. Une manière de faire certainement appelée à durer. (cath.ch/pp)
Pierre Pistoletti
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/semaine-vorbourg-halte-spirituelle-seuil-de-lautomne/