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Témoignage du confesseur de Paul Touvier
Paris, 8avril(APIC) Le témoignage du Père Roland Ducret, confesseur de
Paul Touvier, a illustré, devant la cour d’assises des Yvelines, l’ambigüité de l’attitude de l’Eglise face à l’ancien dirigeant de la Milice de Lyon
accusé de crimes contre l’humanité.
Le Père Roland Ducret a reçu Paul Touvier de 1953 à 1978 pour les «affaires de sa conscience». En 1963 il fait une déposition qui aidera Touvier
à bénéficier de l’amnistie puis de la grâce du président Georges Pompidou.
Devant la cour de Versailles, le religieux est apparu mal à l’aise, déchiré, perplexe. Une attitude à la mesure de celle de l’Eglise: embarrassée.
Le dominicain a laissé entendre qu’il regrettait sa déposition en faveur de
celui dont il fut si longtemps le père spirituel. «Dans la demande de grâce
j’ai utilisé une formule que je n’utiliserais plus aujourd’hui. Sur mon
honneur de prêtre, car c’était mélanger les affaires civiles avec la sphère
religieuse». Plus encore le Père Ducret estime nécessaire le procès contre
Touvier: «S’il y a crime contre l’humanité, il doit être jugé pour que personne ne puisse croire à l’impunité».
Perplexe le dominicain s’est ensuite demandé si Touvier avait pu ignorer
les sévices de la Milice contre les juifs. A l’écoute des refléxions récentes, nettement antisémites de Touvier, retrouvées dans ses notes personnelles, le Père Ducret est apparu désemparé évoquant une «réaction épidermique» puis plaidant que Touvier n’était en tout cas pas favorable en 1944 à
la ’solution finale’. Avant de confier: «J’ai perdu le contact avec Paul
Touvier vers 1980. Je me rends compte que son évolution n’était pas achevée.»
Derrière le témoignage du prêtre, c’est toute une Eglise qui figure au
banc des suspects. Celle des religieux, tous ordres confondus (bénédictins,
jésuites, capucins, cisterciens, chartreux) qui ont aidé de façon
systématique ou ponctuelle Touvier à se cacher et à fuir. Celle d’évêques
aussi Mgr Ancel, Mgr Gouet, Mgr Rhodain et le cardinal Villot. Par là sont
montrées du doigt les relations ambigües entre l’Eglise et la société
civile de l’époque. Et le soutien accordé à un pouvoir temporel fortement
réactionnaire, collaborant avec l’occupant nazi sous l’égide du maréchal
Pétain. (apic/jcn/mp)
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