L’Eglise catholique doit être le ferment d’une «régénération spirituelle» de la Colombie, a affirmé Guzmán Carriquiry, vice-président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine, le 1er septembre 2017. A cinq jours du voyage du pape François dans ce pays, du 6 au 11 septembre, ce proche du pontife argentin s’est exprimé devant la presse sur les enjeux de cette visite apostolique.
La visite du pape intervient dans un contexte où le processus de paix semble fragile…
Il ne faudrait réduire la visite du pape à sa dimension politique. Concentrer les regards, pendant ce voyage, sur le processus de paix est une erreur. Car celui-ci s’inscrit dans le cadre, plus large, d’un long et ardu processus de pacification du pays tout entier, après plus de 60 ans de violences… Et donc une culture de la violence enracinée dans tout le peuple. Au-delà du processus de paix, il faut un grand mouvement de régénération spirituelle et de réconciliation pour toute la société colombienne. Il faut que les causes qui ont généré la violence soient affrontées : par exemple, environ 50% de la population colombienne vit sous le seuil de la pauvreté. Enfin, le processus de paix ne peut pas être non plus limité aux ambitions politiques des partis…
Que peut-on espérer de cette visite?
Par la grâce de l’Esprit Saint, que le pape rejoigne les cœurs des Colombiens, avec le message de l’Evangile qui est la plus grande force révolutionnaire de régénération! La Colombie est encore une chrétienté forte, enracinée dans le peuple. Mais elle est en même temps pleine de contradictions : avec cette violence, la drogue, la corruption… Le pape va demander à cette chrétienté de revenir à sa source-même, pour affronter ces problèmes. C’est-à-dire demander à tous les Colombiens un changement personnel, par une rencontre avec le Christ, qui change la vie et celle des familles. C’est aussi un défi pour l’Eglise en Colombie, qui a une grande richesse, mais qui ne doit pas se contenter de vivre des ›rentes’ d’une grande tradition d’enracinement chrétien. L’Eglise doit devenir le point de référence de la régénération spirituelle de tout le pays.
Quelles sont les attentes des Colombiens?
Elles sont impressionnantes! Depuis des mois, toutes les radios, les chaînes de télévision, parlent du pape quotidiennement: les Colombiens savent tout de la vie du pape! Il y a un respect, une dévotion pour ce successeur de Pierre qu’est le Pape François… Ce sera donc une grande embrassade du pape avec le peuple colombien!
Comment le thème de l’environnement sera-t-il présenté?
La Colombie est un pays passionnant, fascinant. L’écrivain colombien Gabriel Garcia Márquez a parlé du ›surréalisme’ de ce pays de contrastes, avec la plus grande biodiversité au monde, y compris humaine: y sont représentées toutes les ethnies, les couleurs de peau… Le pape se rendra proche de cette réalité, surtout à Villavicencio qui est la porte de l’Amazonie. De là, le pontife regardera cette zone amazonienne, centrale en Amérique du Sud. Le pontife élargira ainsi les regards à l’ensemble de l’Amérique latine, qui vit une réalité difficile. La rencontre avec la Conférence des évêques d’Amérique latine (CELAM), notamment, ne sera pas secondaire: environ 60 évêques y seront présents, de tout le sous-continent.
La crise au Venezuela sera-t-elle abordée?
Aucune rencontre officielle sur le sujet n’est au programme. Mais vous pensez bien qu’avec deux cardinaux vénézuéliens [Mgr Jorge Urosa Savino, archevêque de Caracas, et Mgr Baltazar Porras Cardozo, archevêque de Merida ndlr] qui accueilleront le pape, il y aura des échanges informels… (cath.ch/imedia/mp)
Maurice Page
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