Au Bangladesh, rappelle le site spécialisé Il Sismografo, le premier voyage d’un successeur de Pierre a été accompli à Dacca, la capitale, par Paul VI, le 27 novembre 1970. Mais la ville faisait encore partie du Pakistan oriental. Le Vatican a ensuite été un des premiers Etats à reconnaître l’indépendance du pays en 1971. Puis ce fut la deuxième visite, celle de Jean Paul II, en 1986.
«L’Eglise au Bangladesh est une Eglise de pauvres», souligne le récent cardinal bangladais Patrick D’Rozario, archevêque de Dacca, sur le site Vatican Insider le 30 août. Dans ce pays de 160 millions d’habitants, 36% de la population vit dans des conditions d’extrême pauvreté.
Mais la petite communauté catholique, 0,3% de la population, ajoute le prélat, vit aussi la «pauvreté en esprit», dans le sens des Béatitudes de l’Evangile: humilité et proximité de Dieu. «Le pape appréciera la richesse de cette pauvreté», assure-t-il.
Le défi, conclut le cardinal D’Rozario, consiste à vivre en chrétiens dans une nation islamique, comme petite minorité qui est «sel, lumière et levain». Dans un contexte de radicalisation islamiste, «nous avons besoin de nous souvenir que notre pays a été harmonieux et pacifique pendant des siècles». Selon lui, les idées extrémistes ne sont pas dans la culture bangladaise.
Enfin, le souci particulier du pape pour les Rohingyas, la minorité musulmane persécutée au Myanmar voisin, donnera également des «signaux» aux gouvernements de pays à majorité musulmane dans le monde entier. Et donc également au Bangladesh, «où les chrétiens sont sous pression», affirme pour sa part Benedict Rogers, spécialiste des droits de l’homme en Asie, interrogé par le quotidien américain National Catholic Register le 29 août.
Lors de ce voyage historique d’un pape au Myanmar, en pleine transition démocratique après une dictature militaire, l’un des enjeux sera d’affronter la montée d’un «nationalisme extrémiste bouddhiste». Lequel s’exerce contre les musulmans, mais dont les chrétiens sont aussi les victimes.
Sans oublier, ajoute l’expert, les autres minorités dont on parle peu, comme les Kachins, au nord du pays, en grande majorité chrétiens. On pourrait encore citer les Karens. En ce sens, précise Benedict Rogers, la visite du pape pourra être véritablement «prophétique».
Pour le moment, c’est le sort de la minorité Rohingya qui mobilise le pape. Sorte de ›caste invisible’ non reconnue légalement dans ce pays à 90% bouddhiste, les Rohingyas sont à leur tour gagnés par la radicalisation depuis fin 2016.
Mais en lançant un appel en leur faveur lors de l’Angélus du 27 août dernier, le pape François s’est aussi exposé, affirme l’agence catholique Asianews, qui écrit que les catholiques birmans, 3% de la population, craignent pour leur sécurité après les paroles du pontife. Au point que la Conférence des évêques du pays a suggéré au pape de ne pas employer le terme sensible de ›Rohingya’ pendant sa visite, confirme l’agence catholique asiatique Ucanews le même jour.
Ces derniers jours, des milliers de réfugiés, pour la plupart musulmans, ont tenté d’échapper aux violents combats entre l’armée birmane et les Rohingyas en passant la frontière avec le Bangladesh.
Enfin, l’agence italienne SIR note que le cardinal Charles Bo, archevêque de Rangoun, la plus grande ville de Birmanie, a profité de l’effet d’annonce de la visite du pape pour demander la restitution de 80 écoles catholiques. Elles avaient été nationalisées par la junte militaire en 1965. (cath.ch/imedia/ap/rz)
Raphaël Zbinden
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