«La célébration commune de l’eucharistie doit être le but de nos efforts œcuméniques», souligne le président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens. Mais l’Eglise en Suisse ne peut pas trouver de solution sans lien avec l’Eglise universelle. Pour les catholiques, il est difficile d’imaginer une unité dans laquelle le ministère pontifical, en tant que service de l’unité, n’aurait aucune signification. L’Eglise vit de l’eucharistie qui doit être célébrée en union avec l’évêque local et avec le pape, rappelle le cardinal. Pour lui, il est donc problématique de prendre part à l’eucharistie tout en refusant l’épiscopat et la papauté.
Le pasteur Gottfried Locher répond en estimant qu’une reconnaissance œcuménique du pape en tant qu’évêque de Rome serait possible s’il s’exprime au plan spirituel et ne se présente pas comme détenteur d’un pouvoir, mais comme pasteur. Ce qui constitue, pour le président de la FEPS, sa compréhension du ministère épiscopal.
Evoquant les 500 ans de la Réforme, célébrés en Suisse de manière œcuménique, le pasteur Locher rappelle la célébration du 1er avril dernier à Zoug où les représentants des deux Eglises se sont demandé mutuellement pardon. Lui, le protestant plutôt sobre, avoue avoir été touché en donnant l’accolade à Mgr Felix Gmür, évêque de Bâle.
D’un point de vue théologique, le pasteur Locher n’admet pas que les baptisés restent séparés. Protestants et catholiques sont baptisés au nom du même Dieu. Pour lui, la pression vers l’unité sera toujours plus forte à mesure que les ressources des Eglises diminueront.
«Dans une société sécularisée où Dieu est souvent mis sur la touche, nous avons le devoir de témoigner de notre foi commune», confirme le cardinal. Pour Gottfried Locher, plus concrètement, le christianisme offre une alternative dans le monde. La science explique beaucoup de choses, mais laisse nombre de questions ouvertes pour les humains. La foi chrétienne traite de toutes ces interrogations.
Les deux responsables conviennent que l’une et l’autre des confessions sont chacune une ‘provocation’ pour l’autre. La force de renouvellement des protestants fait du bien à l’Eglise catholique, admet le cardinal Koch. Pendant que l’unité catholique appelle les protestants à dépasser leurs frontières. Mais l’Eglise catholique a besoin de la synodalité pour une meilleure implication du peuple de Dieu.
Les deux hommes se retrouveront le 24 septembre à Sascheln pour la célébration œcuménique marquant le 600e anniversaire de la naissance de Nicolas de Flüe. Mort avant la Réforme, l’ermite du Ranft fait figure de modèle aussi bien pour les protestants que pour les catholiques. (cath.ch/kath.ch/mp)
Maurice Page
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