Du 19 au 24 août 1997, les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) ont réuni à Paris plus d’un million de personnes. Parmi elles, l’abbé Christophe Godel, vicaire épiscopal du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF) pour le canton de Vaud, qui était alors séminariste. C’était la première fois qu’il participait au grand raout mondial des jeunes catholiques. Il se souvient de la joie qui émanait de ce rassemblement. «C’était une expérience d’Eglise assez impressionnante. Je pouvais percevoir pour la première fois cette dimension universelle du catholicisme, avec des participants du monde entier et de tous les types de vocations».
L’occasion pour lui de vérifier que le christianisme est un bien un élan collectif et fraternel. «Aux JMJ, on regarde l’autre comme un frère. C’est une approche que l’on ne retrouve pas forcément dans d’autres manifestations à grande échelle, par exemples sportives», commente le vicaire général. «L’ambiance était en tout cas très constructive et bienveillante, au point que les policiers chargés de la sécurité nous avaient confiés que c’était pour eux une semaine de vacances».
Mais Christophe Godel retient surtout l’exceptionnelle dynamique qu’avait créée en Suisse romande la préparation de ces JMJ. «Cela a été un déclic pour les jeunes catholiques d’ici. Les préparatifs ont permis une cohésion qui n’existait pas auparavant entre les divers groupes qui partaient traditionnellement aux JMJ.» Le vicaire épiscopal estime qu’avec l’édition de Paris, les JMJ sont réellement «entré dans les mœurs» de l’Eglise romande.
Anne-Claire Rivollet, de la pastorale familiale de l’Eglise catholique romaine dans le canton de Genève (ECR), a également vécu de près l’aventure de Paris. Elle était à l’époque déléguée de la Conférence des évêques suisses (CES) à la manifestation. Elle se souvient d’une expérience «extraordinaire» qui a conforté son engagement dans l’Eglise. «J’ai encore des frissons quand me revient en mémoire cette immense foule joyeuse et heureuse qui se dirigeait vers Longchamp (où a eu lieu la messe de clôture célébrée par Jean Paul II, ndlr.)».
Elle confie n’avoir jamais retrouvé de façon aussi intense cette «façon de vivre l’Eglise». «Les alleluia résonnaient partout dans le métro. Nous mangions sur les places ou les quais de la Seine. C’était une ambiance très spéciale, où régnait une joie sincère et simple».
Cinq à six ans après, les Parisiens en parlaient encore, assure Anne-Claire Rivollet, qui est allée étudier dans la capitale française quelques temps plus tard.
Elle rappelle que c’est dans le sillage de cet événement que les évêques suisses avaient lancé la Plateforme de coordination nationale chargée de conserver l’élan des JMJ. A partir de là, sont nées les JMJ nationale et régionales, ainsi que d’autres «fruits durables» tels que le festival Théomania, en Valais.
Egalement séminariste à l’époque, l’abbé Dominique Rimaz a activement participé à la préparation des JMJ de Paris. En tant que bénévole, il était chargé de guider les groupes de pèlerins. Il s’était rendu en février 1997 dans la capitale française pour les préparatifs. Aujourd’hui prêtre auxiliaire à l’UP Notre-Dame de Fribourg, il relève la logistique impressionnante qui avait été mise en place et l’organisation très efficace de la manifestation.
Il décrit un regroupement extrêmement pacifique, serein et joyeux. Il a été marqué à cette occasion par la dimension internationale de l’Eglise.
Sur le plan spirituel, il assure que ces JMJ ont été un événement déterminant dans sa vocation. Il avait notamment été très impressionné par le charisme de Jean Paul II. A cette occasion, de jeunes Suisses l’avaient invité dans le pays. Une requête à laquelle le pontife polonais a répondu en 2004. Il avait fait un tabac auprès des jeunes rencontrés au Bern-Arena, le 5 juin. Le lendemain, 70’000 personnes avaient assisté à la messe sur l’Allmend de Berne.
Dominique Rimaz confirme lui aussi la dynamique extraordinaire qui s’est mise en place dans la jeunesse romande à l’occasion de ces JMJ. Il remarque que beaucoup de responsables actuels de l’Eglise romande sont issus de cette «génération Paris». Après Longchamp, on a vraiment senti qu’une force nouvelle était née.» (cath.ch/rz)
Raphaël Zbinden
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