Pour le président de la Conférence des évêques suisses (CES), il est généralement très important pour les relations humaines de montrer son visage. «Nous reconnaissons comme valeur la volonté de le faire». La burqa est un vêtement couvrant tout le corps de la femme, y compris son visage.
En ce qui concerne la reconnaissance de l’islam en Suisse, Mgr Morerod, qui aborde toute une palette de sujets dans la longue interview accordée au quotidien zurichois, estime que l’Etat peut avoir un intérêt à régler les relations avec l’islam. Il relève qu’alors que les prêtres et les pasteurs reçoivent leur formation théologique dans des universités, où l’Etat sait ce que l’on enseigne, ce n’est pas le cas pour les imams.
Citant le cas du canton de Vaud, où les religions reconnues juridiquement par l’Etat sont soutenues financièrement, le président de la CES rejoint le questionnement des évangéliques et des musulmans, qui se demandent ce qu’ils doivent faire pour être reconnus officiellement. Certes, la loi vaudoise permet la reconnaissance d’autres religions. Mais elle exige qu’une communauté soit organisée et reconnaisse notre Etat de droit.
Et de souligner que certains musulmans dans le canton de Vaud ne sont pas d’accord de passer par là, et cela est naturellement frustrant pour la plupart des musulmans. Mgr Morerod n’est certes pas heureux qu’il y ait des musulmans qui ne veulent pas reconnaître explicitement l’Etat de droit, mais il souligne que si nous donnons aux musulmans le sentiment qu’ils sont mauvais, s’ils ne se sentent pas respectés par nous, c’est peut-être aussi difficile d’exiger d’eux la reconnaissance de nos valeurs.
Interrogé sur l’excision des filles au nom de la religion, l’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg estime que la liberté de religion et d’opinion est certes très importante, mais «cela ne signifie pas que l’on doive tout tolérer». Il est cependant souvent difficile de fixer dans chaque cas où se situe effectivement la limite, reconnaît-il.
Mgr Morerod est d’avis que l’islam doit faire ce que le christianisme a aussi réalisé à l’époque dans sa compréhension de la révélation, «car une lecture littérale peut déboucher sur le fondamentalisme». Le christianisme a connu dans le passé le même problème que l’islam aujourd’hui. «Pendant des siècles, l’histoire de la Création, pour nous, était tout à fait simple: sept jours, c’est tout ! Ensuite sont venues les questions. Est-ce que cela peut être la parole de Dieu?» Le concile Vatican II s’est exprimé clairement là-dessus.
Pour l’évêque, cette tâche de mise à jour est certainement plus difficile pour les érudits musulmans. Car si pour les chrétiens les textes viennent des évangélistes, le Coran est considéré comme une parole venant directement de Dieu. Pour de nombreux experts, les textes écrits dans la période plus récente du Coran ont plus de poids que les plus anciens, alors que ces derniers sont plus pacifiques. Mais aux yeux de Mgr Morerod, il serait faux de dire qu’un musulman qui lit le Coran textuellement serait automatiquement un danger. Les musulmans aussi souhaitent une coexistence pacifique, affirme-t-il. (cath.ch/nzz/be)
Jacques Berset
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