«Soyez fermes avec les trafiquants de drogue […] Ceux qui résistent, abattez-les. Soyez impitoyables», a déclaré le 21 juillet 2017 le président Widodo aux forces de police, rapporte le Jakarta Post.
Ces déclarations ont suscité de vives critiques dans les milieux de défense des droits de l’homme, explique Eglises d’Asie (EdA), l’agence d’information des Missions Etrangères de Paris. Phelim Kine, directeur-adjoint de la division Asie à Human Rights Watch, s’est ainsi inquiété d’une atteinte à l’Etat de droit, le président encourageant à «démolir» les droits des suspects.
L’Eglise catholique en Indonésie a elle aussi fait part de ses préoccupations. «La position rigoureuse du gouvernement [à l’égard des drogues] mérite notre soutien», a déclaré le Père Paulus Christian Siswantoko, secrétaire de la Commission Justice et Paix de la Conférence des évêques catholiques d’Indonésie. «Mais ça ne lui donne pas le droit de violer les droits de l’homme», a souligné le prêtre à l’agence d’information catholique Ucanews. Le Père Siswantoko s’est inquiété que le président Widodo soit en train de suivre le chemin du président philippin Rodrigo Duterte, dont la politique anti-drogues spécialement brutale a déjà fait des milliers de morts. Pendant la campagne électorale, il avait prévenu qu’il donnerait aux forces de police le droit de «tirer pour tuer», lors des arrestations.
Cette politique a conduit l’épiscopat philippin à dénoncer les tueries extrajudiciaires commises. Selon Budi Waseso, le chef de l’agence de lutte contre les produits stupéfiants (BNN), le marché de la drogue qui se trouvait aux Philippines est en train de se déplacer vers l’Indonésie. La politique du président Duterte a conduit à un exode des trafics vers l’Indonésie.
Entre janvier et avril 2015, le gouvernement indonésien avait ainsi fait fusiller quatorze condamnés à mort, dont huit ressortissants étrangers (quatre Nigérians, un Hollandais, un Brésilien et deux Australiens), condamnés pour trafic de drogue. Ces exécutions avaient provoqué une indignation internationale et une crise diplomatique entre l’Indonésie et l’Australie.
Dans un pays où 2,9 % de la population est catholique, l’Eglise locale fait régulièrement savoir son opposition à la peine capitale. (cath.ch/eda/ucan/rz)
Raphaël Zbinden
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